Dissertation : peut-on dire que les hommes font l'histoire ? 17.00 / 20

Corrigé bac : Peut-on dire que les hommes font l’histoire ?

En juin 2012, les étudiants de terminale ont eu à travailler sur ce sujet de dissertation en philosophie. A première vue il semblait complexe car nécessitait une profonde réflexion et concentration. Il était donc nécessaire pour l’étudiant d’avoir bien appris les divers cours de philosophie connexes à la problématique posée.

Ainsi, en ayant bien assimilé tout au long de l'année divers enseignements et exercices, l’étudiant était en mesure de répondre à la question : Peut-on dire que ce sont les hommes qui font l’histoire ?

Pour simplifier le travail, il fallait être conscient que deux sens découlaient de cette question. Le premier sous-entendait une notion de possibilité et le deuxième une notion de légitimité. Le correcteur attendait une analyse du sujet d’un point de vue critique, c’était donc l’aspect légitime de la question qu'il fallait principalement mettre en avant.

Ce corrigé vous servira grandement dans la préparation de votre bac et vous pourrez ainsi comprendre comment il fallait véritablement traiter ce sujet de dissertation philosophique.

Plan annale : Peut-on dire que les hommes font l’histoire ?

Le plan de cette annale du bac se déroule comme suit :
  • L’homme contribue à l’existence de l’histoire : Il est l'acteur de sa propre histoire.
  • L’homme ne fait pas l’histoire : Il est conditionné par celle-ci car elle se déroule malgré lui, il n’en est donc qu’un simple sujet.
  • L’homme fait partie de l’histoire : Plus qu’un acteur, il représente malgré lui un moyen.
  • L’homme n’a aucune emprise sur l’histoire : Le devenir historique lui échappe totalement, il ne peut le contrôler.
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Peut-on dire que les hommes font l'histoire ?

Il faut distinguer l'histoire comme mouvement rassemblant l'ensemble des évènements et faits passés de l'historiographie qui en est le simple récit rapporté par les hommes. Dans ce second sens, l'histoire est entendue comme manière de rendre compte de la manière la plus fidèle des évènements passés. Dans cette acception, l'histoire contée est bien de rapporter les actions que les hommes ont accompli en tant qu'ils sont les acteurs de leur propre histoire. Néanmoins, le travail de l'historien et de ceux qui rendent compte de l'histoire ne consiste pas seulement à décrire et expliquer les faits passés mais à dévoiler également un sens de l'histoire. En effet, la notion d'histoire implique une direction historique vers laquelle les hommes se dirigent et qui fasse sens. Au-delà des simples faits historiques, l'histoire s'inscrit dans un mouvement plus global qui semble échapper à l'emprise des hommes. On parle d'un cours de l'histoire dans lequel les hommes sont immergés et dont il s'agit d'en produire une herméneutique qui le justifie. C'est pourquoi, les actions des hommes peuvent bien être l'objet d'un récit historique, mais celles-ci, parce qu'elles sont conditionnées par le passé historique dans lequel elles prennent place, échappent au pouvoir de l'homme. De même, les hommes restent libres d'agir selon leur bon vouloir, mais ils ne maîtrisent pas le cours des évènements historiques qui s'ensuivent. Ainsi, César franchissant le Rubicon fit de son acte un fait historique dont les conséquences lui échappèrent.

Dès lors, on peut s'interroger si l'histoire n'est que le produit des actions des hommes ou bien celui d'un mouvement indépendant d'eux sur lequel ils n'ont que peu d'emprise? Est-il légitime de dire que ce sont les hommes qui font l'histoire ou ne sont-ils que les commentateurs d'une histoire qui les dépasse ?

Nous verrons tout d'abord que pour qu'il y ait histoire, l'homme doit en être le propre acteur. Néanmoins, que l'homme soit acteur ne suffit pas pour faire l'histoire, et que celui-ci est toujours conditionné et déterminé par l'histoire qu'il croit réaliser. Dès lors, nous prendrons en considération que l'homme s'inscrit dans une marche de l'histoire qui fait sens malgré lui. Puis de là, nous tâcherons de montrer que l'histoire en tant que processus en devenir échappe à l'emprise de l'homme.


A l'histoire globale de l'humanité s'oppose l'histoire individuelle des hommes particuliers. Chaque homme en effet s'inscrit à la fois dans le cours de l'histoire et dans son histoire personnelle, celle de sa famille et la sienne propre. Chacun a ainsi son histoire qui recense l'ensemble des faits de son vécu. En tant que chaque homme possède une liberté d'agir, il est en ce sens l'acteur de sa propre histoire. A mesure qu'il fait ses propres choix, l'histoire individuelle d'un homme se constitue en tant que telle. Ainsi, chacun écrit son histoire librement et peut en faire le récit pour en rendre compte. D'ailleurs, c'est le travail de l'historien que de conter et d'expliquer l'histoire des grands hommes qui ont marqué l'histoire du monde. En rassemblant les sources historiographiques disponibles, l'historien vise à rendre compte de leurs histoires. Néanmoins, son travail ne se limite pas à un pur récit descriptif des actions des hommes, mais son labeur porte aussi sur la recherche des causes qui ont présidées à leurs actions. Parce que l'histoire des hommes suggère des raisons et des motivations qui les poussent à agir, les actes qu'ils réalisent réclament une explication. En effet, bien que les hommes soient libres d'agir et de se déterminer, il n'en reste pas moins qu'ils s'inscrivent dans un cours historique qui les précèdent. De fait, les actes des individus ainsi que les évènements sont toujours conditionnés par le mouvement historique qui se déroule malgré eux et dans lequel ils prennent place. On dit par exemple que l'on ne peut pas faire fi de son passé, pour expliquer qu'en tant qu'individu nous sommes toujours soumis à une histoire qui nous prédétermine. Sa personnalité, ses choix, sont ainsi imputables et façonnés par des évènements passés qui les conditionnent et que l'on ne maîtrise pas. De nombreuses causes concourent en effet aux choix historiques que les hommes accomplissent et qui les conditionnent. A cette liberté de se déterminer et d'écrire son histoire, s'oppose ainsi la vue selon laquelle l'homme s'inscrit dans un cours historique plus global qui le subsume.


Plus que le simple acteur de l'histoire, l'homme apparait donc comme conditionné par le cours historique qui se déroule malgré lui. De cette position d'acteur de l'histoire, l'homme pourrait bien n'être finalement qu'un simple sujet à travers lequel l'histoire acquiert un sens et une direction qui le dépasse.


La philosophie de l'histoire s'attache à étudier le sens du devenir historique. Parce qu'un moment historique ne peut jamais être détaché de l'histoire générale dans lequel il s'inscrit mais suppose toujours de prendre en considération les faits passés d'où il tire son point de départ, ce domaine d'étude vise à rendre compte du mouvement historique dans sa totalité. En effet, comme nous l'avons dit en introduction, l'histoire suppose une direction, du passé vers l'avenir. Chaque fait et évènement historique a des causes dont l'origine se trouve dans l'histoire passée, et des effets qui retentissent dans l'avenir. Si l'on a vu que le passé conditionne l'histoire que l'on peut accomplir au présent, celle-ci est aussi tournée vers un avenir qui fait sens avec la totalité du cours historique.

Ainsi pour Kant, le sens de l'histoire ne réside pas dans les actes individuels des hommes mais dans le mouvement vers lequel tend l'humanité dans son entier. Dans Idée d'une histoire universelle d'un point de vue cosmopolitique, il soutient la thèse selon laquelle les hommes ne sont que le moyen d'un mouvement historique supérieur qui doit conduire au progrès de l'humanité. Pour lui, l'histoire humaine est bien constituée d'une succession d'évènements sans cesse renouvelés comme le sont les guerres, les catastrophes naturelles, les traités politiques, les épidémies, etc. ; ainsi que d'évènements individuels comme les mariages, les naissances, les rencontres, etc. Mais au-delà de ce chaos et de ces répétitions cycliques, l'histoire a un sens tourné vers le progrès. Inscrites en chacun, des dispositions naturelles dont tous ont été originellement dotés doivent ainsi se déployer à mesure de ces répétitions pour parvenir à rendre les hommes raisonnables et assurer un progrès moral. Aussi, malgré eux pourrait-on dire, les hommes en agissant librement et en inscrivant leurs actions historiquement, participent à un mouvement de l'histoire qui fasse sens. Parce qu'ils possèdent une nature raisonnable, l'histoire des hommes tend naturellement vers la réalisation de cette nature.


De ce fait, peut-on encore concevoir que les hommes font l'histoire alors qu'il apparait qu'elle est un mouvement supérieur qui se réalise malgré eux. Entre libre action et détermination vers un devenir historique, que reste-t-il de la place de l'homme comme acteur de l'histoire ?


Si l'histoire est la réalisation d'un bien qui progresse à travers son cours continu, l'homme ne semble plus être acteur de l'histoire globale. En considérant que l'histoire fait sens vers un devenir supérieur qui dépasse les hommes pris individuellement, alors ces derniers ne peuvent plus être vus comme ceux qui font l'histoire. Dans ce mouvement historique, l'homme n'apparaît plus comme acteur mais comme simple moyen par lequel l'histoire se fait et acquiert une direction. Cette idée, on la retrouve chez Hegel dans l'introduction « La raison dans l'histoire » tirée de son ouvrage Leçons sur la philosophie de l'histoire. Pour lui, l'histoire est la réalisation d'un idéal à l'œuvre, celui de la raison qui se déploie d'elle-même à travers le processus historique. L'histoire n'est pas le fait de l'homme, mais celui de la réalisation de la raison dont les actions de l'homme ne sont que des moyens qui lui permettent de se réaliser. Certes les hommes agissent et produisent l'histoire, mais ils ne sont que des moyens qui conduisent à faire de l'histoire un processus devant déboucher sur l'avènement de la raison. « Rien de grand dans le monde ne s'est accomplit sans passions » écrivait Hegel, signifiant par là que pour que l'histoire se meuve en progrès et fasse sens, l'intérêt et le désir des hommes devaient être employés comme moyens pour que s'accomplisse le déploiement de la raison dans le monde. En agissant, les hommes ne seraient donc que des moyens qui participent à la réalisation d'un devenir historique inscrit au sein même du monde. Cette ruse de la raison qui voit dans les actes les plus malveillants perpétrés dans l'histoire de l'humanité une justification, permet ainsi un progrès historique. Un procédé autonome qui pousserait ainsi les hommes à tirer les leçons de leur passé pourrait-on dire, afin que l'avènement de la raison se réalise.

Plus un acteur mais un simple moyen pour la Raison à l'oeuvre dans le monde, le devenir historique échapperait aux hommes. Sans emprise sur le cours des évènements, les hommes seraient soumis au diktat de la raison qui se déploie d'elle-même dans le monde.


En considérant l'histoire comme le récit des faits et des évènements des hommes, il nous est apparu que ces derniers étaient bien ceux qui présidaient à faire l'histoire. Pourtant, si ils sont maîtres de leurs actions et de leurs choix au devenir historique, il est également convenu qu'en s'inscrivant dans un cours de l'histoire, l'homme état conditionné par lui et donc par là déterminé. Plus encore, en concevant l'histoire comme un flot ininterrompu, un mouvement en marche ayant une direction, l'homme n'apparait plus comme celui qui fait l'histoire mais bien plutôt comme un simple sujet qui n'a aucune emprise dessus. Tout comme on ne peut pas maîtriser les conséquences à venir de nos actes, on ne peut maîtriser le cours historique qui se créé et se développe au fil des générations qui se succèdent.
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5 commentaires


Anonyme
Anonyme
Posté le 10 mars 2016

bien organisé, ce travail! bravo

Anonyme
Anonyme
Posté le 10 mars 2016

bien organisé, ce travail! bravo

Anonyme
Anonyme
Posté le 28 nov. 2015

merci

Anonyme
Anonyme
Posté le 28 nov. 2015

ok

Anonyme
Anonyme
Posté le 31 oct. 2012

Super cette dissertation ! J'ai eu ce sujet au bac 2012 et ça m'avait vraiment plu, quand j'y repense j'avais abordé le sujet de cette façon mais je n'avais pas tellement énoncé les mêmes propos. C'est marrant de voir les différences d'une dissert à une autre : )

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