En quoi peut-on dire que l'humanisme, à la renaissance, se caractérise par une ouverture à l'autre et une interrogation sur l'autre ? 20.00 / 20

Voici une dissertation traitant du thème de l'Humanisme à la période de la Renaissance. La Renaissance est un mouvement qui s'inscrit dans la période des temps modernes. Son origine remonte à la Renaissance Italienne, plus précisément à Florence. Un bon nombre d'artistes pouvaient s'y exprimer librement, sans censure. La Renaissance a vis le jour au XVème siècle. De l'Italie, elle s'est propagée en Espagne puis dans tout le reste de l'Europe par la suite.
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« Je hais les voyages et les explorateurs ». C’est ainsi que commence Tristes tropiques, l’œuvre qui a fait connaître Claude Lévi-Strauss au grand public. Cette puissante phrase exprime peut-être ce qu’il reste des découvertes et des explorations qui se sont étalées depuis le XVIe siècle, un sentiment d’amertume. Pourtant, la Renaissance à travers son humanisme désenclave l’Europe. D’une part, en l’ouvrant sur le monde dans ses frontières extérieures, d’autre part, en la confrontant à l’altérité et aux conflits confessionnels au sein même de ses sociétés. « L’autre » se retrouve ainsi immensément problématique : il est un élément nouveau dans une humanité qui cherche à redéfinir son échelle.

 

Peut-on alors voir en la Renaissance, à travers son humanisme, l’expression d’une ouverture, d’un intérêt renouvelé pour l’autre ? Notre propos reviendra avant tout sur une définition claire et contextualisée de l'humanisme de la Renaissance pour y déceler les potentialités d’ouverture dont il était porteur.

 

Nous continuerons en essayant de montrer comment se structure cette découverte de l’altérité à l’époque. Enfin, afin de problématiser au mieux cette question, nous aborderons les limites et les tensions inhérentes à l’humanisme dans sa confrontation à l’autre.

 

I. L’humanise, l’élan d’ouverture de la Renaissance

 

Tous les ouvrages l’affirment, la Renaissance est cet extraordinaire mouvement culturel de rénovation littéraire, artistique et scientifique que connaît l’Europe au XVIe siècle. Aussi, cette effervescence semble introduire des thèmes en littérature, comme dans les autres champs, relatifs à l’ailleurs, à la différence, à l’altérité. Pourtant, il serait réducteur de voir dans le Moyen Âge une simple charnière historique : il est lui-même composé d’une série de renaissances successives qui vont introduire également de l’altérité, entre autres, à travers cette fascination – doublée d’un rejet - que les récits vont établir à l’endroit du Sarrasin (ex : La Chanson de Roland).

 

Néanmoins, le concept de Renaissance reste pertinent : le XVIe siècle ébranle le visage du monde, c’est une véritable transition historique. C’est à cette époque que naît le statut de protecteur des arts et des lettres, le roi François Ier incarnant parfaitement cette figure. Les vieilles croyances s’écroulent une à une. Le pouvoir et l’obscurantisme de l’Église sont en partie contestés. Martin Luther proteste contre le trafic des indulgences et l’on découvre de la division dans ce qui semblait uni, l’altérité apparaissant au sein même des sociétés européennes.

 

À la lumière des travaux de Copernic, la terre n’est plus le centre du monde, c’est une véritable révolution qui transforme la littérature et les arts. Mais plus que cela, un mouvement inversé se produit, une focalisation sur l’homme : si le centre était le monde, c’est à présent l’homme. Il devient une référence et induit une ferveur renouvelée à travers l’étude des litterae humaniores, littéralement « l’étude des lettres qui rendent plus digne du nom d’homme ». C’est aussi une période de grandes navigations, l’on découvre L’Amérique, Cuba, Haïti, les côtes du Brésil ; le cap de Bonne-Espérance est contourné pour ouvrir une nouvelle route vers les Indes. Colomb, Cabral, Vespucci, Magellan, Cartier, tous ces noms de grands explorateurs résonnent comme autant d’ouvertures à de nouveaux horizons pour la pensée et l’imagination.

 

A.La Renaissance comme découverte de l’altérité

 

Cependant, il convient également de préciser que l’humanisme de la Renaissance est autre chose que ce sens commun qui nous vient spontanément à l’esprit : une doctrine où l’homme serait une valeur suprême et le fondement des valeurs morales (le bien et le mal) ; il n’est qu’un recentrement, une sorte de reconfiguration à l’échelle de l’homme. L’humaniste est ainsi celui qui a fait ses « humanités », c’est-à-dire qui s’est adonné à l’étude des lettres classiques, du grec et du latin. La portée philosophique de l’humanisme de la Renaissance reste néanmoins entière par son approche totalisante de l’homme, Montaigne l’illustre par son acceptation de « la totalité de la réalité humaine, telle qu’elle nous arrive ».

 

C’est cet horizon qui permet d’entrevoir dans les populations découvertes par les explorateurs les traits de l’humanité, inaugurant ainsi la naissance de la littérature à caractère ethnographique. Ainsi, Jean Lery fait figure de père fondateur du genre, à travers son Histoire d’un voyage fait en la terre du Brésil. À l’auteur de remarquer que les « Tupinambas reçoivent fort humainement les étrangers » ; posant peu après ce qui reste un obstacle inhérent à la rencontre de l’autre, de sa culture, pour ceux « qui n’entendent pas leur langage ».

 

L’homme de la renaissance se confronte ainsi à d’autres hommes, il se retrouve « incontinent environné de sauvages », ces mêmes sauvages qui, tout comme lui, cherchent à l’appréhender, à connaître son nom. En ce sens et à travers ces grandes découvertes, l’humanisme de la Renaissance se retrouve à devoir statuer sur l’indigène, y cherchant tantôt l’expression d’une innocence propre à une enfance de la civilisation, tantôt l’incarnation de la peur et de l’angoisse de cet envers de l’homme civilisé.

 

Pourtant, l’esprit indépendant et sceptique d’un Montaigne sait reconnaître la valeur de ces hommes, leur « clarté d’esprit naturelle », « leur justesse ». Car les sauvages savent se montrer habiles, « Leurs ouvrages en joaillerie, en plume, en coton, dans la peinture » en témoignent.

 

Ce qui les infériorise c’est peut-être cette innocence qu’observera Colomb dès son atterrissage : le mythe du bon sauvage prend ici naissance, Montaigne et bien plus tard Rousseau, font ainsi l’éloge de leurs qualités morales : la loyauté, la constance, le courage, le bon sens, l’habileté. S’il diffère de l’homme de l’ancien monde, cet homme nouveau semble fonder quelque espoir de retrouver une humanité perdue, pervertie par la civilisation.

 

II. Pesanteurs et limites de l’humanisme abstrait

 

Pourtant, cet espoir, au regard de l’histoire, montre que la confrontation avec l’altérité, cette ouverture, n’a été bénéfique qu’à une seule des parties. Lévi-Strauss tente d’échapper, dans ses descriptions poétiques, à cette réalité désastreuse conséquente à la voracité de l’homme, lui qui « les a connus à une époque ou les maladies introduites par l’homme blanc les avaient déjà décimés ». C’est qu’il faut garder à l’esprit que la Renaissance coïncide avec la fondation de cette confiance propre à nos sociétés dans le progrès. Pourtant, dans ce qu’il reste de ces altérités, l’ethnologue cherche encore l’expression de ces invariants de l’humanité, l’image du couple y revient, cette institution qui est pour les partenaires « le soutien, le réconfort, l’unique secours contre les difficultés quotidiennes ». Nous savons à quel point ces découvertes de nouveaux continents et de nouveaux peuples ont été bénéfiques à notre culture, tant sur le plan des arts et des sciences, que sur celui de l’économie.

 

Mais il semble, hormis les grands esprits qui ont su percevoir la richesse de cet autre - une richesse symbolique, qui s’acquiert par le dialogue plus que par le fer – l’avidité a été le maître mot de nos relations à ces différentes cultures.

 

Montaigne ne pointe-t-il pas, avec une certaine ironie, comment ces Indiens ont été perdus par cet avantage – la bonté, l’observance des lois, la libéralité, la franchise – leurs vertus les ont trahis, leur grandeur les a vendus. S’il faut admettre que l’humanisme de la Renaissance marque les débuts de cet intérêt pour l’altérité extérieure, l’image que nous rapporte Lévi-Strauss de ce milieu du XXème siècle est celle d’un spectacle angoissant et apitoyant devant une humanité démunie, « écrasée » ; mais qui pourtant, chuchote encore et rit.

 

Peut-être que le mythe du bon sauvage s’y exprime encore une fois, quand l’auteur croit voir en l’immense gentillesse des Nambikwara « l’expression la plus émouvante et la plus véridique de la tendresse humaine ».

 

Pour continuer de relativiser les bienfaits de cette ouverture sur l’autre de l’humanisme de la Renaissance, il nous faut encore évoquer la Réforme et les guerres de Religions dont a été le théâtre le XVIe siècle. Au côté de cette altérité venue d’un ailleurs exotique, les sociétés européennes découvrent une autre altérité, interne celle-ci. De fait, la Reforme contribue aux mutations de la Renaissance, en faisant appel à la conscience de chacun contre la place et le pouvoir de l’Église.

 

Si cela contribue grandement à la laïcisation de la pensée par rapport au théologique, l’unité chrétienne en pâtit, à l’échelle des nations d’abord lorsque l’Allemagne accepte la Réforme luthérienne produisant des guerres qui ensanglantent l’Europe, à l’échelle des individus ensuite, les écrivains prennent parti et donnent naissance à la littérature de combat. C’est ainsi qu’Aubigné compose Les Tragiques, une œuvre d’une rare violence : le chant les « Feux » évoque ainsi les bûchers qui ont consumé les protestants, tandis que le chant « Vengeances » rappelle que Dieu punira les ennemis de l’Évangile. Ronsard, associant veine lyrique et veine polémique, lui répond à travers son Discours des misères de ce temps. Cette altérité interne conduit à de véritables joutes littéraires entre les représentants des deux camps.

 

Conclusion

 

Sous bien des aspects, l’humanisme de la Renaissance ouvre sur l’autre et permet de se ressaisir des interrogations sur la nature humaine. Mais il faut garder à l’esprit que ce mouvement est porteur, sur le plan synchronique, à la fois d’une promotion de l’altérité (mythe du bon sauvage) et en même temps de son effacement (persécution des huguenots) ; sur un plan diachronique, la Renaissance est, si l’on prend l’exemple de la Pléiade, porteuse d’une aspiration au progrès et d’une promotion de la langue française et en même temps, d’une réaction, par un retour aux formes classiques antiques, au détriment des genres plus contestataires de la farce et de la sotie.

 

Il faut néanmoins reconnaître l’élan considérable que cette altérité produit en littérature. Elle met en effervescence et, si elle a aussi de fâcheuses conséquences, elle produit nécessairement une nouvelle vision de l’unité humaine. Cette confrontation à l’autre contribuera grandement à la naissance de l’esprit moderne qui sied à la littérature à partir du XVIIIe siècle.
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18 commentaires


Anonyme
Anonyme
Posté le 8 juin 2017

Trés utile née en moin, il manque plussieur information au sujet de cette auteur 

Anonyme
Anonyme
Posté le 7 sept. 2016

cool

Anonyme
Anonyme
Posté le 25 févr. 2016

merci

Anonyme
Anonyme
Posté le 25 févr. 2016

un document a inspiration 

Anonyme
Anonyme
Posté le 25 févr. 2016

tres bon contenu

Anonyme
Anonyme
Posté le 29 janv. 2016

Très riche en contenu.

Anonyme
Anonyme
Posté le 29 janv. 2016

Un bon document.

Anonyme
Anonyme
Posté le 6 déc. 2015

Merci 

Anonyme
Anonyme
Posté le 8 sept. 2015

merci

Anonyme
Anonyme
Posté le 28 juin 2015

Merciiiiiiiii

Anonyme
Anonyme
Posté le 28 juin 2015

Merci 

 

Anonyme
Anonyme
Posté le 18 mars 2015

asdfsadf

Anonyme
Anonyme
Posté le 14 mars 2015

merci bcp!!

Anonyme
Anonyme
Posté le 28 févr. 2015

Merci bcp!!

Anonyme
Anonyme
Posté le 17 janv. 2015

merci beaucoup , j'adore 

Anonyme
Anonyme
Posté le 25 déc. 2014

je désespérais de trouver un document pouvant m'aider dans mes révisions. C'st maintenant chose faite ! merci! 

Anonyme
Anonyme
Posté le 9 nov. 2014

Merci

Anonyme
Anonyme
Posté le 14 nov. 2013

je desespérais de trouver un document pouvant m'aider dans mes révisions. C'st maintenant chose faite ! merci

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