Les méthodoes d'évaluation d'entreprise: l'approche patrimoniale, le cash flow et le good will 7.00 / 20

INTRODUCTION L’entreprise est une entité autonome évoluant dans un environnement plus ou moins complexe .En dépit de cette autonomie elle reste tout de même une propriété d’une ou de plusieurs personnes. Outre ces propriétaires, il existe d’autres acteurs (fournisseurs, clients les établissements financiers, l’Etat, les investisseurs, etc.) qui s’intéressent à la vie de l’entreprise. L’évaluation de l’entreprise devient alors une nécessité impérieuse. L'évaluation peut être définie comme une tentative de mesurer avec des méthodes quantitatives, une valeur constituée d'éléments objectifs et subjectifs. La détermination de la valeur d’une entreprise est un problème qui ne se pose pas de manière permanente ; c’est un sujet plus vaste et plus complexe qu’une simple interprétation des données comptables. Ce faisant, la valeur donnée à l’entreprise reflète t-elle sa « valeur vraie » ? Est-elle à sa juste valeur ou surévaluée ou sous-évaluée ? Il existe une panoplie de méthodes selon les considérations des auteurs qui tentent d’apporter une réponse au problème posé. Toutes ces méthodes sont-elles similaires ou en existe t-il une idéale ? Notre étude portera sur l’analyse des trois principales approches d’évaluation d’entreprise que sont : l’approche patrimoniale, l’approche des flux futures actualisés et celle du goodwill. En effet pour mieux les appréhender, nous définirons d’abord les principes de ces approches, ensuite nous énoncerons leurs contenus (formules de calculs), enfin nous évoquerons leurs avantages et leurs limites. SECTION I : L’APPROCHE PATRIMONIALE Le patrimoine d’une entreprise est l’ensemble des biens qu’elle a sous son contrôle (biens dont l’entreprise est propriétaire ou dont elle a l’usage) et des dettes contractées en vue de réaliser son exploitation. Le principe L’approche consiste à corriger la situation nette de l’entreprise à évaluer des plus ou moins-values latentes sur l’actif, le passif et les engagements hors bilan. Cette méthode est dérivée de celle de l'actif net comptable et permet lors des retraitements de : • corriger les effets de l'évolution maximale des prix, • corriger les effets éventuels de la fiscalité, • retenir les éléments comptables après correction des anomalies pour obtenir les valeurs économiques. Cette méthode, largement utilisée par les experts, nécessite néanmoins une procédure longue, lourde et qui tend à démontrer que l'entreprise ne peut se réduire à un simple patrimoine et qu'il convient de prendre en compte également les éléments intangibles ou immatériels. Les méthodes de calcul A- Corrections et retraitements Correction de l'actif Les biens immobiliers et d'équipement sont portés au bilan à leur valeur d'origine et amortis selon des règles fiscales. Ils apparaissent donc au bilan à une valeur nette différente de leur valeur économique qui tient compte de l'inflation et de leur usure ou obsolescence réelle. L'objectif des corrections apportées va être de réintroduire les postes d'actif à leur valeur économique. Les postes à examiner sont principalement les frais d'établissement, les terrains et constructions, les matériels et mobiliers, les agencements et les actifs incorporels. Correction du passif Il s'agit de déterminer le passif à sa valeur réelle, notamment en incorporant au passif réel les impôts latents de certains postes. Les postes à examiner en priorité sont : les réserves, les résultats, les provisions, les dettes et les engagements hors bilan. B- Formule de calcul Cette approche consiste à faire le point sur la valeur actuelle de l’ensemble des biens que possède l’entreprise. Il n’est jamais facile d’estimer le prix d’une entreprise, chaque société ayant ses spécificités et ses caractéristiques propres. Parmi les différentes approches, la méthode patrimoniale, dite « méthode de l’actif net corrigé » donne une photographie de l’entreprise à un instant précis. Elle s’appuie sur le bilan comptable de la société.la formule de calcul est la suivante : V = ANC = Actif corrigé - Endettement total corrigé V= valeur de l’entreprise ANC=actif net corrigé Avantages et limites Avantages Cette méthode d’évaluation simple est adaptée aux petites structures possédant un parc matériel significatif et affichant des niveaux de résultats stables. Elle permet de trouver rapidement un terrain d’entente avec l’acquéreur car elle se fonde sur des éléments objectifs. C’est, en quelque sorte, une valeur « plancher de l’entreprise ». Limites La méthode patrimoniale revient à estimer une entreprise de façon ponctuelle et statique. Le bilan est le cliché d’un instant, qui ne reflète pas le mouvement futur de l’entité photographiée ; seuls y sont pris en compte les acquis du passé alors que l’entreprise est un organisme vivant à considérer principalement sous l’angle de son avenir. Pour tenir compte du devenir de l’entreprise l’approche des flux futurs actualisés vient en appui. SECTION II : L’APPROCHE PAR LES FLUX FUTURS ACTUALISES Cette approche consiste à estimer la valeur d’une entreprise à partir de sa capacité à générer des flux de trésoreries disponibles qui seront actualisés à un taux(le taux d’actualisation) qui tient compte du risque de l’actif économique. Plusieurs auteurs ont développé des techniques d’évaluation par les flux actualisés (la formule fondamentale d’Irving Fischer, le modèle de Gordon et Shapiro, de Bates, de Molodovsky, de Holt, le modèle de Discounted Cash Flow,…) .Parmi ces techniques les plus utilisées sont celles de Gordon et Shapiro et le Discounted Cash Flow (DCF). Le principe Le principe fondamental de la finance est de valoriser un actif quelconque à la valeur actualisée de tous les flux de revenus générés par cet actif au cours de sa durée de vie. De même la valeur d’une entreprise est la valeur actualisée des flux financiers futurs qu’elle produira. Ces flux peuvent être des dividendes, le cash flow, le prix de revente de l’entreprise, bénéfice etc. Les méthodes de calcul Le modèle de Gordon et Shapiro Les travaux de Gordon et Shapiro font ressortir deux (2) hypothèses dans la détermination de la valeur d’une entreprise. Hypothèse 1 : la croissance des dividendes est réputée constante à un taux g avec un pay-out (Po : taux de distribution des dividendes) stable. Hypothèse 2 : la période considérée n tend vers l’infini. Le pay-out lié à l’exercice en cours P/O correspond à : Po=D1/BNo La prise en compte de l’hypothèse de croissance du dividende au taux g permet d’exprimer : Dn=D1(1+g)n-1 Ainsi la formule de Gordon et Shapiro s’exprime : VoGS=D1[ 1/((1+t) )+⋯+((1+g) 〖n-1〗^ )/(1+t)n+Vn/(1+t)n] Selon l hypothèse 2, au voisinage de l’infini : VoGS=D_1/(t-g) Avec D1 : le dividende versé au titre de l’année en cours et encaissé à l’année 1 ; t : le taux de rentabilité risqué ; g : le taux de croissance du dividende à l’infini ; Vn : la valeur terminale V0 : la valeur de l’entreprise à la date de l’évaluation Le modèle du discounted cash-flow La méthode consiste à traiter l’actif économique comme un investissement global à l’origine d’un cash-flow récurrent. A travers ce modèle, la valeur de l’entreprise peut être déterminée à partir de la formule suivante : V =∑_(k=0)^n▒CFt(1+k) -t+VTEn (1+k) (-n) T en puissance) V= Valeur de l’entreprise CFt= cash flow de la période t VTEn= valeur terminale de la période n K= coût moyen pondéré du capital (CMPC). Le CMPC est déterminé de la façon suivante : CMPC= Rd (1 - Tc) D/C + Re E/C, formule dans laquelle : CMPC: le coût moyen du capital pondéré, Rd = le coût moyen de la dette, Tc = le taux d'impôt marginal et non le taux d'impôt moyen effectif de l’entreprise Re = Rf + β(Rm-Rf) Re est le coût moyen des capitaux propres, qui dépend du risque inhérent à l’entreprise et de son risque financier représenté par le β, C = Capitaux permenants où D représente les dettes financières, E= les capitaux propres. Les avantages et les limites Les avantages Il semble opportun de raisonner en termes de marge d'autofinancement, car le concept de rentabilité à travers les seuls bénéfices ou dividendes est trop soumis aux décisions du dirigeant, de sa politique de distribution et aux impacts fiscaux. La notion de marge brute d'autofinancement qui englobe la dotation aux amortissements et la variation des provisions, reflète ainsi d'une manière plus précise, la performance économique de l'entreprise. L’approche de Gordon-Shapiro s’appuie sur des flux réels c est à dire les dividendes versés aux actionnaires et répond sur ce point à la préoccupation de l’investisseur en quête d’une mesure concrète de retour de son placement. Elle intègre également dans son actualisation une des composantes de la valorisation des marchés d’actions avec le choix d’un taux t de rentabilité spécifique des actions risqués. Les limites La méthode de Gordon-Shapiro s’avère plus lourde à calculer. Toutefois, c’est ce qui explique son utilisation dans la pratique des marchés. Elle reste également éloignée de toute référence au prix du marché, de plus, la formule sous sa forme développée, est fortement dépendante à l’issue de la période de prévision des analystes. Elle est difficile à mettre en œuvre dans la mesure où les dividendes futurs et le taux d actualisation sont concrètement délicats à déterminer. Dans la méthode du Discounted Cash Flow, la détermination du taux de rendement peut s’avérer délicate pour des sociétés non cotées. En effet l’élément déterminant dans le calcul du taux de rendement grâce au MEDAF est le beta qui mesure la volatilité d’une action par rapport au marché. La détermination du beta se fait par comparaison avec les sociétés cotées en bourse ou sur un marché organisé et liquide et qui s’opère avec des entreprises du même secteur d’activités, ce qui peut en conséquence poser une difficulté. SECTION III : L’APPROCHE DU GOODWILL Le patrimoine d’une entreprise comprend non seulement des actifs corporels, mais des actifs incorporels (brevet, marque, licence, etc.) qui ne sont pas toujours pris en compte dans la comptabilité. Or, ces éléments qui correspondent à des investissements contribuent au résultat de l’entreprise et sont particulièrement important dans certaines entreprises notamment dans les entreprise de service.la survaleur ou le goodwill permet de les mesurer. Le principe La méthode du goodwill est souvent utilisée pour des entreprises non cotées ayant une très bonne position sur leur marché. Pour certains, le goodwill serait le concept représentatif de la valeur des actifs immatériels de l’entreprise. Par contre, d’autres auteurs trouvent qu’il se repose sur des présupposés qui n’existent en réalité que dans de très rares situations. Au vue de ces divergences, plusieurs méthodes de calcul du goodwill sont utilisées en pratique. Méthode de calcul Nous pouvons retenir deux formules fondamentales de mesure du goodwill : Le goodwill peut être considéré comme la valeur actuelle des superprofits d’où : Survaleur=∑_(t=1)^n▒(B-rANC)/(1+r)^t B= bénéfice prévisionnel de l’entreprise r= rentabilité attendue ANC= Actif net corrigé rANC= bénéfice attendu B-rANC= superprofit t =la période La valeur de l’entreprise(V) est obtenue en ajoutant à l’ANC la survaleur calculée : V= ANC + SURVALEUR Le goodwill peut également s’obtenir en actualisant le superprofit calculé à partir de la différence entre le résultat net et la rémunération du capital (taux de rendement appliqué à la valeur mathématique intrinsèque). Superprofit (sup)= résultat net – rémunération du capital Goodwill = sup(1-〖(1+CMPC)〗^(-n))/CMPC CMPC= coût moyen pondéré du capital n = nombre d’année considéré La valeur de l’entreprise(V) est obtenue en ajoutant à la valeur mathématique intrinsèque(VMI) le goodwill. V= VMI + GOODWILL Avantages et limites Avantages Le goodwill permet de valoriser les qualités intrinsèques de l’entreprise : bon positionnement commercial, qualité des équipes et de leur coordination, programme de recherche ou de prospection, etc. Le goodwill a pour origine la synergie entre société acquise et société acquéreuse ; cette recherche de synergie est d’ailleurs une motivation forte pour la croissance externe. Limites Les immatériels sont des dépenses qui représentent une part croissante des coûts de fonctionnement des entreprises et dont on ne sait pas toujours mesurer monétairement les effets et l’intérêt économique. Ce sont des actifs « cachés » dans les entreprises et dont on ne connait pas exactement le mode d’intervention dans le processus de production et de création de richesse. CONCLUSION Le prix d’évaluation d’une entreprise est relatif Le grand nombre de méthodes d’évaluation indique bien qu’aucune d’entre elles n’est parfaite. La présente étude a permis de passer en revue un grand nombre de méthodes d’évaluation mais leur quantité même montre que la méthode miracle, qui rallierait tous les suffrages, n’existe pas. Se référer au passé comme on le faisait jadis ou essayer de prévoir, selon la pratique d’aujourd’hui, ne donne aucune certitude. Un progrès certain a été réalisé sur le plan de la démarche intellectuelle, mais l’exactitude n’est pas au rendez-vous. Ce prix d’évaluation est important pour l’avenir de l’entreprise : Le prix d’évaluation retenu pèse ensuite sur l’acquéreur et détermine la rentabilité avenir de son investissement. L’acquéreur juge son acquisition sur le prix qu’il a payé. En effet, la rentabilité obtenue est directement liée au montant de l’investissement réalisé. Il sera plus difficile de rentabiliser une firme acquise à une valeur très élevée. De plus au niveau d’un groupe, l’acquisition d’une filiale au prix fort, a pour effet d’emmener l’inscription d’un écart d’acquisition dans les comptes consolidés, écart qu’il faudra ensuite amortir. Cet amortissement grèvera d’autant le résultat net comptable du groupe. En général, les acquisitions réussies ont été réalisées à un prix modéré Pour l’avenir de l’entreprise cible, il est souhaitable que l’acquisition soit réalisée à un prix raisonnable. En effet, l’acquéreur accepte d’investir à nouveau dans cette entreprise si cela s’avère nécessaire, lorsque son investissement précédant lui a donné une bonne rentabilité et n’a pas, par ailleurs, asséché toutes ses disponibilités. Il n’en va pas de même dans le cas d’une entreprise achetée trop cher. Le point de vue du vendeur est évidemment complètement différent. Mais certains diront que celui qui sort de l’entreprise n’est peut être pas, au plan de l’économie général, l’agent à favoriser. En effet, il ne mise plus sur l’avenir mais tire partie seulement du passé. Sans porter de jugement moral, l’objectif de l’évaluation reste celui de la mise en œuvre d’une transaction équitable qui, à la fois, respecte les acquis obtenus et n’obère pas le futur. L’intérêt des formules généralement admise par le marché réside dans le fait que celles-ci visent à obtenir des évaluations raisonnables, à défaut d’être infaillibles.
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Plan :

SOMMAIRE Introduction ………………………………………………………………...………….1 Section I L’APPROCHE PATRIMONIALE………………………...………………..2 I. Principe…………………………………………………...………………….....2 II. Les méthodes de calcul……………………………….………………………...2 A. Correction et retraitement………………………………………………...……..2 1. Correction de l’actif………………………………………...…………..2 2. Correction du passif………………………………………………….....3 B. Formule de calcul………………………………………………………..……...3 III. Avantages et limites…………………………………………………..………...3 1. Avantages……………………………………………………………....3 2. Limites……………………………………………………………….…3 Section II L’APPROCHE PAR LES FLUX ACTUALISES……………………….…4 I. Le principe……………………………………………………………….…4 II. Les méthodes de calcul……………………………………………………..4 1. Le modèle de Gordon et Shapirou…………………………………….........4 2. Le modèle de Discounted Cash Flow……………………………………....5 III. Avantages et limites………………………………………………………...6 1. Avantages…………………………………………………………………..6 2. Limites……………………………………………………………………...6 Section III L’APPROCHE DU GOODWILL…………………………………………7 I. Le principe……………………………………………………………….....7 II. Les méthodes de calcul……………………………………………………..7 III. Avantages et limites………………………………………………………...8 1. Avantages…………………………………………………………..8 2. Limite……………………………………………………………….8 Conclusion………………………………………………………………………….9
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2 commentaires


Anonyme
Anonyme
Posté le 10 sept. 2015

Très intéressant 

Anonyme
Anonyme
Posté le 6 juin 2015

bien reçu

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