La chine : croissance ou surchauffe ?

« Dans la réforme et l\'ouverture sur l\'extérieur, nous devons faire preuve de plus d\'audace et nous tenir prêts à tenter de nouvelles expériences, au lieu de nous comporter comme des femmes aux pieds bandés. » (Deng Xiapoing)

La Chine témoigne d’une longue histoire de relations économiques internationales et a d’ailleurs dominé le « vieux monde » pendant longtemps grâce au contrôle des routes des épices et de la soie. Elle a aussi été la première civilisation à utiliser le papier monnaie. Mais la période coloniale du XIXe siècle met fin à sa prospérité. La Chine, autrefois puissante, s’effondre. Au colonialisme succède le communisme qui rétablira un État autonome et centralisé, et avec lui une identité nationale forte, mais ceci au détriment des échanges commerciaux. La Chine rouge, qui a déjà raté la Révolution industrielle, se replie résolument dans ses frontières et manque les grandes avancées technologiques qui favorisent le développement le l’occident. Son isolationnisme affirmé et l’orientation du pouvoir l’empêchent également de profiter du soutien occidental dans la reconstruction d’après-guerre. Le bilan est lourd. Alors que jusqu’aux années 1820 la Chine était la première puissance internationale avec le tiers du PIB mondial, elle se retrouve en 1949 avec un PIB représentant moins de 1 % de la richesse produite dans le monde et doit reconstruire un pays ravagé par la politique des « 3 Tout » (Sankō Sakusen) du Japon impérial.

Ce n’est que récemment, en évoluant vers une « économie socialiste de marché », conjuguant une économie ouverte avec une économie libéralisée que la Chine a pu se replacer parmi les grandes puissances économiques. Ce retour est l’œuvre de Den Xiaoping et de sa politique d’ouverture initiée en 1978. Xiaoping rejette la révolution culturelle et le modèle de Mao Zedong : inspiré par le modèle de développement des Dragons asiatiques, il initie une libéralisation prudente et progressive de l’économie. Ce virage pragmatique signale une adaptation idéologique marquée par les impératifs néo-classiques de l’économie mondiale. Depuis ces réformes, la part du financement du PIB par le secteur étatique a diminué de 80 % à 40 %. Les entreprises publiques, moins rentables que les firmes privées, ont en effet été naturellement évincées de l’économie concurrentielle. À long terme, le but de la réforme est d’effacer ce que le régime appelle la « tâche historique » et de rétablir le rang politico-économique mondial de la Chine tout en assurant une continuité historique des institutions.

La réforme de libéralisation de l’économie de Xiaoping s’est donc faite en plusieurs étapes :
- 1979 - 1993 : premières mesures de décentralisation et mesures incitatives aux agents économiques.
- 1994 - 2006 : développement industriel grâce à l’accumulation de capital et au volume des exportations.
- 2006 - 2010 : XIe plan quinquennal qui a pour objectif principal de maintenir une croissance forte et de la rendre soutenable sur les plans de l’énergie, de l’environnement et de la répartition des richesses créées.

Le retour est spectaculaire : le PIB chinois connaît une croissance moyenne de 8 à 10 % depuis plus de 20 ans (voir Annexe 1). Au cours de ces dernières années, le niveau de vie a été multiplié par 5. Qualifiée de pays « en voie de développement » il y a quelques décennies encore, la Chine est aujourd’hui reconnue comme « l’usine du monde ». Et pour cause! Près de la moitié de la consommation actuelle « non alimentaire » d’un ménage moyen est faite de produits fabriqués en Chine. Dans ce nouvel âge de développement qui touche les 4 Dragons et les Tigres asiatiques, la Chine sur sa lancée actuelle peut même espérer dominer l’économie mondiale et détrôner les puissances occidentales dans quelques décennies!

Ce « miracle chinois » intrigue et suscite bien des analyses. Pour certains, la Chine est un modèle unique de croissance et, pour d’autres, une économie en surchauffe artificiellement maintenue dans la course internationale. Mais il n’en demeure pas moins que le pays peut compter sur des avantages concurrentiels d’importance, même s’ils comportent des faiblesses intrinsèques qu’il faudra maîtriser.
D\'abord, le secteur industriel peut s’appuyer sur une main-d\'œuvre abondante fournie par l’un des plus grands exodes ruraux observés au cours de l’époque moderne. Mais il faut noter qu’elle est globalement peu formée.
Cette réserve industrielle conjuguée à une accumulation rapide du capital a permis une vague d’industrialisation qui a lancé le pays dans une nouvelle ère de production. Mais ce développement s’est fait aux dépens du monde rural, posant le problème de l’inégalité de la répartition des richesses créées. Ce clivage ville / campagne créé d’ailleurs des tensions de plus en plus menaçantes pour l’équilibre politique et social du pays, comme en témoignent les nombreuses révoltes paysannes, la plupart inconnues des médias, qui ont éclaté ces dernières années.
Enfin, la Chine peut compter sur un très fort volume d’exportations lui permettant de présenter une balance commerciale largement bénéficiaire (voir Annexe 10). Mais cette croissance extravertie est en danger. Selon certains observateurs, le yuan est maintenu à un niveau artificiellement bas vis-à-vis du dollar américain, ce qui fausse le jeu des échanges internationaux .

Le retour triomphant de la Chine dans l\'économie mondiale est consacré en novembre 2001 par son adhésion à l\'Organisation mondiale du commerce (OMC). Cette adhésion avait été officiellement demandée par la République populaire de Chine en 1986. Elle peut donc être considérée l’achèvement de deux décennies de réformes économiques planifiées et de négociations internationales.

Forte de sa croissance, la Chine s’impose donc comme un partenaire économique incontournable du monde actuel. Cependant, si cette économie présente de nombreux atouts, elle comporte aussi des faiblesses qui menacent sa croissance et qui ont déjà plusieurs fois mené le pays dans la zone de surchauffe.

Nous verrons donc les principaux facteurs de cette croissance chinoise (I) avant de passer en revue les risques auxquels son économie doit faire face ainsi que les défis qu’elle devrait relever afin de maintenir son développement à long terme (II).

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Plan :

I- La croissance chinoise : un développement extensif et extraverti

A- Accumulation rapide des facteurs de production

1- La force de travail chinoise : la réserve industrielle du monde
2- L’investissement étranger : bienfaits de l’ouverture.
3- Investissement public, investissement privé : des frontières indécises
4- L’épargne privée : moteur de l’investissement intérieur
5- Le progrès technique : l’effet de rattrapage

B- Pratiques commerciales internationales : exports et politiques monétaire
1- Le commerce extérieur, le moteur de la croissance chinoise
2- Une politique monétaire « hors-jeu »

II - La croissance chinoise : un colosse aux pieds d’argile

A- Une croissance en surchauffe
1- Signaux de surchauffe

1-1- Chômage
1-2- Inflation
1-3- Salaires

2- Autres problèmes, autre surchauffe?

B- Quel avenir pour la croissance chinoise?

CONCLUSION

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