La lutte contre l’abstraction — la signification de l’acte de voir dans la peste d’albert camus —

II. L’acte de voir : la solidarité Si l’abstraction entraîne la solitude, quel est le facteur de la solidarité? Il convient d’envisager les trois personnages qui évoluent considérablement durant la période de la peste : Rambert, Paneloux et Othon. Rambert, comme nous l’avons vu, poursuit avec persistance son bonheur égoïste. Malgré toutes les tentatives d’évasion, il n’y arrive jamais. Mais, ce qui est à noter, c’est que comme la peste et l’abstraction, l’adjectif « monotones » (p.1333) est attribué à ses efforts insatiables. En effet, il répète que « ça [=la peste] consiste à recommencer. » (p.1350) La répétition circulaire de ses démarches atteint son apogée juste avant de combler son désir d’évasion, parce qu’il « tourn[e] en rond » (p.1385, p.1386) au sens littéral du terme. Il s’avère que, comme si Rambert pratiquait la pensée de Rieux : « Pour lutter contre l’abstraction, il faut un peu lui ressembler » (p.1293), il incarne l’abstraction, dont l’essence est la répétition monotone.