Discours sur le colonialisme - Aimé Césaire 17.00 / 20

Discours sur le colonialisme est un essai d’Aimé Césaire qui a été publié en 1950. Il dénonce avec force le colonialisme, à une époque où la décolonisation française n’est pas encore beaucoup avancée et où le communisme monte grandement en puissance. Aimé Césaire était membre du Parti communiste français jusqu’en 1956. Il en a par la suite démissionné en raison de divergences d’opinions.

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Partie 1 : Les principaux thèmes développés

  • Le nazisme et le colonialisme
  • La Seconde Guerre mondiale vient de s’achever et le monde entier constate l’ampleur de la folie nazie. Césaire remarque, en avançant des exemples, que les ressorts du colonialisme sont identiques à ceux du nazisme. Il cite notamment les rapports de force où la domination d’un peuple sur l’autre est considérée comme normal et légitime, avec la chosification du peuple soumis, ainsi que l’abrutissement de l’oppresseur et la violence en découlant. Extrait : « Et pourtant, par la bouche des Sarraut et des Barde, des Muller et des Renan, par la bouche de tous ceux qui jugeaient et jugent licite d’appliquer aux peuples extra-européens, et au bénéfice de nations plus fortes et mieux équipées, « une sorte d’expropriation pour cause d’utilité publique », c’était déjà Hitler qui parlait ! Où veux-je venir ? À cette idée : que nul ne colonise innocemment, que nul non plus ne colonise impunément ; qu’une nation qui colonise, qu’une civilisation qui justifie la colonisation – donc la force – est déjà une civilisation malade, une civilisation moralement atteinte, qui, irrésistiblement, de conséquence en conséquence, de reniement en reniement, appelle son Hitler, je veux dire son châtiment. »

  • Le capitalisme et le colonialisme
  • L’écrivain compare également les motivations du capitalisme à celles du colonialisme. La loi du plus fort, du plus puissant lui donne un droit sur le peuple jugé inférieur. Extrait : « Au fait, le dossier est accablant. Un rude animal qui, par l’élémentaire exercice de sa vitalité, répand le sang et sème la mort, on se souvient qu’historiquement, c’est sous cette forme d’archétype féroce que se manifesta, à la conscience et à l’esprit des meilleurs, la révélation de la société capitaliste. L’animal s’est anémié depuis ; son poil s’est fait rare, son cuir décati, mais la férocité est restée, tout juste mêlée de sadisme. »

  • La bourgeoisie et les penseurs faussement humanistes
  • Césaire critique avec vigueur les arguments évoqués par la bourgeoisie pour défendre et soutenir le colonialisme. Il accuse cette bourgeoisie d’omettre son rôle d’oppresseur et de justifier ses actes répréhensibles par des raisonnements nébuleux. Il aborde notamment l’aberration consistant à avancer que certains peuples ont besoin d’être dominés pour être guidés. Les hommes de ces peuples ne s’opposeraient pas à leurs pères et nécessiteraient donc la colonisation de l’homme occidental pour être éduqués. La bourgeoisie affirme la supériorité du peuple occidental dans le domaine intellectuel et Césaire énonce les avancées scientifiques issues des peuples colonisés. Il cite enfin de nombreuses personnalités d’alors en réfutant leurs arguments et en montrant leur incohérence.
    Extraits : « Le fait est que la civilisation dite « européenne », la civilisation « occidentale », telle que l’ont façonnée deux siècles de régime bourgeois, est incapable de résoudre les deux problèmes majeurs auxquels son existence a donné naissance : le problème du prolétariat et le problème colonial ; que, déférée à la barre de la « raison » comme à la barre de la « conscience », cette Europe-là est impuissante à se justifier ; et que, de plus en plus, elle se réfugie dans une hypocrisie d’autant plus odieuse qu’elle a de moins en moins de chance de tromper. »
    « Il faudrait d’abord étudier comment la colonisation travaille à déciviliser le colonisateur, à l’abrutir au sens propre du mot, à le dégrader, à le réveiller aux instincts enfouis, à la convoitise, à la violence, à la haine raciale, au relativisme moral, et montrer que chaque fois qu’il y a au Viêt-Nam une tête coupée et un oeil crevé et qu’en France on accepte, une fillette violée et qu’en France on accepte, un Malgache supplicié et qu’en France on accepte, il y a un acquis de la civilisation qui pèse de son poids mort, une régression universelle qui s’opère, une gangrène qui s’installe […] au bout de cet orgueil racial encouragé, de cette jactance étalée, il y a le poison instillé dans les veines de l’Europe, et le progrès lent, mais sûr, de l’ensauvagement du continent. »

  • L'éloge de la mixité
  • Les justificateurs de la colonisation mettent en avant les routes construites, l’accès à la santé et au travail qu’ils ont apportés. Césaire met, lui, en cause la réalité et le bien-fondé de ces actions. Il observe que quand le peuple soumis a mentionné avoir ces besoins, le peuple colon a émis des réserves. Il souligne en outre les ravages culturels produits par la colonisation. Celle-ci a entraîné la destruction de trésors architecturaux, artistiques et culinaires. Césaire développe l’idée de la force d’une culture et fait l’éloge de la mixité des peuples, arguant qu’une civilisation ne se mélangeant pas à d’autres est vouée à dépérir.
    Extraits : « Cela réglé, j’admets que mettre les civilisations différentes en contact les unes avec les autres est bien ; que marier des mondes différents est excellent ; qu’une civilisation, quel que soit son génie intime, à se replier sur elle-même, s’étiole ; que l’échange est ici l’oxygène, et que la grande chance de l’Europe est d’avoir été un carrefour, et que, d’avoir été le lieu géométrique de toutes les idées, le réceptacle de toutes les philosophies, le lieu d’accueil de tous les sentiments en a fait le meilleur redistributeur d’énergie. »
    « En sorte que le danger est immense… En sorte que, si l’Europe occidentale ne prend d’elle-même, en Afrique, en Océanie, à Madagascar, c’est-à-dire aux portes de l’Amérique, l’initiative d’une politique des nationalités, l’initiative d’une politique nouvelle fondée sur le respect des peuples et des cultures ; que dis-je ? si l’Europe ne galvanise les cultures moribondes ou ne suscite des cultures nouvelles ; si elle ne se fait réveilleuse de patries et de civilisations, ceci dit sans tenir compte de l’admirable résistance des peuples coloniaux, que symbolisent actuellement le Viêt-Nam de façon éclatante, mais aussi l’Afrique du R.D.A., l’Europe se sera enlevé à elle-même son ultime chance et, de ses propres mains, aura tiré sur elle-même le drap des mortelles ténèbres. »

  • la révolution du prolétariat
  • L’écrivain considère en conclusion que l’espoir du refus et de la fin de la colonisation se situe dans la volonté du prolétariat de se soulever.
    Extrait : « Ce qui, en net, veut dire que le salut de l’Europe n’est pas l’affaire d’une révolution dans les méthodes ; que c’est l’affaire de la Révolution ; celle qui, à l’étroite tyrannie d’une bourgeoisie déshumanisée, substituera, en attendant la société sans classes, la prépondérance de la seule classe qui ait encore mission universelle, car dans sa chair elle souffre de tous les maux de l’histoire, de tous les maux universels : le prolétariat. »

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