Commentaire de texte : « Les Châtiments » de Victor Hugo 17.00 / 20

Corrigé bac : « Les Châtiments » de Victor Hugo

En juin 2012, tous les étudiants des filières ES et S ont eu à passer leurs épreuves anticipées du Bac de français. Comme chaque année, ils avaient à choisir entre une écriture d’invention, une dissertation ou un commentaire de texte, chaque sujet nécessitant une approche différente. Le sujet de commentaire composé de cette année portait sur le poème « Ultima Verba » tiré de l’œuvre « Les Châtiments » de Victor Hugo. Les correcteurs attendaient des étudiants de première une certaine capacité d’analyse, et tous les étudiants n’ont pas saisi que Victor Hugo évoquait son exil.

Ce sujet corrigé gratuit a été mis à votre disposition afin de vous aider à évoluer. De ce fait, si vous faites partie de ceux qui passeront leur Bac ES en 2013, vous allez pouvoir vous entraîner à faire un commentaire composé sur « Les Châtiments » de Victor Hugo. « Ultima Verba » est un poème à la portée des élèves de première, il est cependant nécessaire de s’exercer plusieurs fois à l’élaboration d’un commentaire de texte pour en saisir toute sa dimension.

Vous avez déjà travaillé sur le poème « Ultima Verba » ? C’est le moment idéal pour améliorer les erreurs que vous auriez pu faire. Cette annale du bac de Pondichéry va vous permettre de travailler sur les points qui ne vont pas. N’oubliez pas que l’épreuve anticipée de français comptera pour beaucoup pour votre Bac ES-S de 2013, essayez donc de bien approfondir ce commentaire de texte. Et n’oubliez pas que si l’œuvre poétique « Les Châtiments » fait partie de votre programme de première, c’est parce qu’on estime que vous êtes capable de travailler sur ce sujet lors de vos épreuves du Bac ES-S en 2013.

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Contenu de ce document de Français > Exemples de Commentaires de textes

Introduction

Poète et romancier prolifique, Victor Hugo tient une place de choix dans le paysage littéraire français en raison de la grande variété de son oeuvre mais aussi de son engagement politique. Contraint à l’exil en raison de son opposition à la prise de pouvoir de Napoléon III, il rédige en 1853 « Les châtiments », recueil de poésies engagées dans lequel il fustige le Second Empire. Poème final du recueil, « Ultima Verba » constitue une attaque virulente à l’égard de Napoléon Bonaparte ainsi qu’une déclaration d’insoumission de la part du poète.

Nous nous pencherons dans cette étude sur les vers 17 à 44 de ce poème en identifiant dans un premier temps les procédés rhétoriques employés par le poète afin de convaincre ses destinataires pour mieux aborder dans une seconde partie la portée contestataire de son exil.

1. Un poème à portée argumentative

1.1. Des destinataires clairement identifiés

Dès le premier vers, les destinataires de ce poème sont clairement identifiés : « Mes nobles compagnons ». L’emploi du possessif « mes » souligne la proximité entre l’auteur et ses lecteurs dans une intention unificatrice. L’adjectif épithète « nobles » met quant à lui l’accent sur un passé commun : celui du sentiment de révolte face à la prise de pouvoir par Napoléon Bonaparte. Dans la pure tradition rhétorique, le poète use ainsi de la prétérition en feignant s’adresser à un public déjà conquis alors qu’il va en réalité multiplier les arguments en faveur de la révolte.

1.2. Un appel à la révolte collective

L’emploi du pronom personnel « nous » au deuxième vers agit comme une parole unificatrice dont le but est de mieux impliquer le lecteur pour l’amener à adhérer à la cause du poète : « Bannis, la république est là qui nous unis ». La république fait office de figure maternelle et rassemble sous le même drapeau les français déçus du second empire. Les liens se tissent dans la révolte et leur puissance ne peut se développer que par une prise de position claire. La parole poétique symbolise donc ici l’expression collective de la révolte et tend à inclure les plus sceptiques grâce à l’emploi d’un « nous » attractif. Séduit par la force du nombre, le lecteur ne peut qu’apporter du crédit à l’argumentation du poète pour mieux se laisser convaincre.

2. L’exil comme engagement politique

2.1. Une parole prophétique

Condamné à se plier sous « le sac de cendre qui (le) couvre », Victor Hugo fait pourtant acte de bravoure en usant de sa « voix » et de sa « bouche » pour manifester sa révolte de manière oratoire : « Je serai, sous le sac de cendre qui me couvre, La voix qui dit : malheur ! La bouche qui dit : non ! ». L’éloignement physique auquel le contraint l’exil ne fait que renforcer le poids de sa parole qui revêt une dimension quasi prophétique. Loin de son pays, le poète embrasse une vision globale des évènements et fait preuve de la sagesse relative au recul dont il dispose. Gardien des valeurs républicaines, il manifeste son acharnement afin de signaler qu’un changement est encore possible et multiplie l’emploi de la première personne du singulier pour faire valoir l’authenticité de sa démarche: « Moi, je te montrerai, César, ton cabanon. », « Je croiserai les bras, indigné, mais serein. », « Je resterai proscrit, voulant rester debout. ». La fin du poème résonne ainsi comme une sentence sans appel. Le poète ne flanchera pas, quand bien même fût-il seul à mener bataille :

« Si l'on n'est plus que mille, eh bien, j'en suis ! Si même

Ils ne sont plus que cent, je brave encor Sylla ;

S'il en demeure dix, je serai le dixième ;

Et s'il n'en reste qu'un, je serai celui-là ! »

2.2. Le choix de l’exil

Contraint de quitter son pays, Victor Hugo semble pourtant se satisfaire d’un exil qui l’éloigne d’une politique qu’il ne peut cautionner. Malgré la douleur de l’éloignement, le retour est impossible car il résonnerait comme une abdication : « Je resterai proscrit, voulant rester debout. ». Cette décision n’est pourtant pas exempte de douleur et le poète revient ainsi à plusieurs reprises sur la tentation du retour qu’il doit perpétuellement combattre :

« O France ! France aimée et qu'on pleure toujours,

Je ne reverrai pas ta terre douce et triste,

Tombeau de mes aïeux et nid de mes amours !


Je ne reverrai pas ta rive qui nous tente,

France ! Hors le devoir, hélas ! J’oublierai tout. »

L’ampleur de son renoncement ne donne que plus de poids à sa révolte et force le respect du lecteur. Condamné à vivre loin du pays qu’il chérit, Victor Hugo se résigne pour mieux faire valoir son combat, quitte à ne plus jamais revoir la France: « J'accepte l'âpre exil, n'eût-il ni fin ni terme ».

Conclusion

Grâce à l’emploi avisé de procédés rhétoriques, Victor Hugo investit dans ce poème sa révolte d’une portée sentimentale afin de mieux inciter le lecteur à adhérer à sa cause. Farouche opposant à la politique de Napoléon III, le poète se positionne comme une figure emblématique de la résistance et préfère vivre l’exil comme un choix inhérent à l’expression de sa révolte plutôt que de le subir en simple victime. Symboliquement daté du 2 décembre 1852 (jour de la proclamation de l’empire) « Ultima Verba » clôt ainsi « Les châtiments » par l’expression d’une foi inébranlable en le retour des valeurs républicaines.

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