L’opinion a-t-elle nécessairement tort ?

Pour la tradition philosophique notamment héritée de Platon, l’opinion est un jugement non fondé, qui avance sans preuve, qui a toujours tort. Le terme a donc ici un sens péjoratif. Pourtant on interroge l’opinion, on la sonde, on la mesure, lui reconnaissant, semble-t-il une valeur. La démocratie accorde à l’opinion publique le pouvoir de trancher, de décider. Platon lui-même reconnaît dans le Ménon une valeur pratique à l’opinion droite. Alors, est-on toujours dans son tort lorsqu’on énonce une opinion ou, au contraire, peut-il y avoir des domaines, des conditions où l’opinion aurait raison et, si oui, lesquels ? Ce qui est ici en jeu est à la fois le statut de la philosophie (qui s’est traditionnellement posée contre l’opinion) et le fondement de notre régime politique (car si l’opinion a toujours tort, la démocratie a-t-elle encore un sens ?). De prime abord, il semble bien que l’opinion ait tort, au sens où elle ne se justifie jamais pleinement. Pourtant, ne peut-on lui reconnaître un sens, d’abord au plan de la vérité, ensuite au plan pratique et politique ?