Dissertation : La religion est-elle contraire à la raison ? 16.00 / 20

Cette année 2012, tous les étudiants de terminale L de Pondichéry ont eu à traiter ce sujet de dissertation. La philosophie est la matière qui a le plus gros coefficient dans cette filière. De ce fait, le bac de philosophie constitue un très gros enjeu pour les étudiants de terminale L, il nécessite en effet une certaine préparation et une capacité de réflexion solide. Afin de vous aider à avancer dans votre préparation du bac de philosophie de 2013, nous mettons à votre disposition un corrigé gratuit du sujet : « La religion est-elle contraire à la raison ? ». Cette annale du bac de Pondichéry vous servira à vous entraîner à l’exercice de la dissertation et vous permettra donc d’être plus efficace tout au long de votre année de terminale L. Si vous voulez réussir votre bac de philosophie de 2013, n’oubliez pas qu’il est nécessaire d’avoir suivi en cours durant votre année de terminale et d’avoir bien compris les grands thèmes abordés tout au long de l’année.

Vous avez déjà passé votre bac de philosophie ? Ce sujet de dissertation corrigé vous servira à cerner les erreurs que vous auriez faites, et donc à mieux comprendre ce que vous n’aviez pas compris. « La religion est-elle contraire à la raison » n’était pas un sujet des plus simples et les correcteurs attendaient beaucoup des étudiants de terminale L, du fait de leur filière. Mais grâce à ce corrigé, vous serez en mesure de mieux comprendre les grandes lignes de ce sujet et donc d’évoluer sur un plan à la fois scolaire et personnel.
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Introduction

Si la raison est la faculté de discerner le vrai du faux, de fonder des connaissances objectives par les démonstrations rationnelles qu’elle permet d’élaborer, la religion quant à elle relève du domaine de la croyance et de la foi que l’on y associe. En ce sens, la religion renvoie au sentiment religieux, sentiment spéculatif qui n’est pas fondé en raison mais relève de la subjectivité individuelle. Au premier abord, tout laisse donc à penser que religion et raison sont antinomiques au sens où cette première ne relève pas de la seconde. Si la raison est la faculté de fonder un savoir ou une connaissance objective, la religion renvoie quant à elle aux domaines de la foi ainsi qu’à la croyance en une transcendance. La religion est en effet constituée de principes et de préceptes, de dogmes et de pratiques, ainsi qu’à sa source, d’une transcendance par définition inconnaissable. Pourtant, il est d’usage de nuancer dans la faculté de raison ce qui relève du rationnel et de l’irrationnel. Se demander si la religion est contraire à la raison, c’est ainsi s’interroger si la religion est rationnelle ou irrationnelle, si l’on peut rendre compte par la raison de ce qui en relève. La religion est-elle purement subjective et en cela contraire à l’élaboration objective que permet la raison ou peut-on concevoir un rapport de complémentarité entre les deux ? Entre religion et raison y-a-t-il nécessairement antinomie ou une possible compatibilité ?

Plan

Nous verrons tout d’abord que la religion, parce qu’elle relève de la croyance en une transcendance et de la foi, ne peut être rendue rationnelle par la raison. Néanmoins, la religion appartient toutefois au domaine du raisonnable et c’est en cela que la raison et la religion peuvent être rapprochées. C’est pourquoi, plus qu’une relation d’opposition, nous verrons que les deux peuvent être subsumées dans une relation participative qui découle de la nature humaine.

La religion ne peut être rendue rationnelle par la raison

Toute religion relève d’une croyance que l’on assimile à la foi. Celle-ci appartient au domaine du sentir que l’on nomme le sentiment religieux et que chacun ne peut ressentir qu’individuellement en son for intérieur. En cela, ce sentiment de foi est un aspect tout subjectif. Il appartient à chaque être particulier d’en faire l’expérience. Tandis que la raison est la faculté de l’esprit humain grâce à laquelle l’homme parvient à connaitre des vérités et de s’épargner des erreurs, elle lui permet d’élaborer des principes de connaissances. Si il est tautologique de dire que la raison est apte à mener des raisonnements, il ne l’est pas de dire que la raison est cette faculté de mener des démonstrations et de discerner le vrai du faux. En ce sens, elle présuppose de mettre en œuvre des moyens en vue d’une fin qui se veut rationnelle et fondée objectivement par des preuves. Or, la religion, en ce qu’elle appartient au domaine de la croyance qui suppose une foi aveugle, relève quant à elle de l’irrationalité. Tout comme on ne peut pas donner la preuve que l’on aime mais seulement des preuves d’amour, on ne peut produire une preuve démonstrative de sa foi religieuse. Comme l’écrivait Pascal, « c'est le cœur qui sent Dieu et non la raison. Voilà ce que c'est que la foi, Dieu sensible au cœur non à la raison ». Aussi, la religion en tant que pur sentiment subjectif intérieur qui repose sur une foi indémontrable appartient au domaine de l’irrationnel qui ne peut être fondé rationnellement.

De même, le fondement d’une religion repose sur des principes et des dogmes, des rites et pratiques qu’elle prescrit. La raison n’est pas convoquée pour ces prescriptions qui ne sollicitent seulement qu’une adhésion.

D’un autre côté, la religion repose également sur l’idée de transcendance, envisagée comme la relation entre l’humanité et un ou des êtres transcendants, un Dieu, des dieux. Se dit de quelque chose qui est transcendant, ce qui se situe au-delà, qui surpasse. Aussi, l’idée de Dieu comme transcendance est vue par Kant comme ce qui dépasse toute expérience possible et donc qui n’est pas objet de connaissance. En cela, on ne peut rendre compte de l’idée de Dieu inhérente à toute religion puisque la raison ne peut la prendre pour objet de connaissance, bien qu’elle y aspire toujours naturellement. On peut dès lors rapprocher cette vue de celle qu’invoquait Pascal en disant que « le cœur a ses raisons que la raison ignore. ». La religion est bien ce domaine du « cœur » où la raison est incapable d’en rendre compte. Elle relève du sentir, de l’adhésion individuelle toute subjective, opposée en cela à la raison objective et à la démonstration.

La religion appartient au domaine du raisonnable

Pourtant, si la religion est irrationnelle au sens où l’on ne peut en rendre raison puisqu’elle relève du pur sentiment intérieur et de l’adhésion, la raison n’est-elle pas toutefois conciliable avec la religion ? Il n’y a pas de rupture radicale entre religion et raison, mais cette dernière peut être invoquée pour la secourir.

En effet, historiquement, la religion a toujours eu recours à la raison humaine pour se fonder. Si la religion était pure irrationalité, l’homme y serait totalement hermétique en tant qu’il est « un animal raisonnable » comme le concevait Aristote. Avant la théorisation de l’idée Kantienne, bien des philosophes ont élaboré des démonstrations rationnelles de Dieu et par conséquent de la religion sur lequel elle repose pour mobiliser des preuves tirées de la raison. L’argument ontologique fait ainsi appel à un raisonnement logique sous forme de syllogisme qui a été invoqué à plusieurs reprises à la fois par Saint Anselme, puis par Descartes et Leibniz, et qui se résume comme suit : Dieu est un être parfait ; or une perfection qui ne comprendrait pas l'existence ne serait évidemment pas complète ; donc Dieu est aussi doté de l'existence. Si le sentiment religieux est donc irrationnel puisque l’on ne peut en rendre raison, la religion n’est pas pour autant dénuée de raison. Aussi, si l’on ne peut dire que la religion est rationnelle, est elle toutefois raisonnable. Nous en voulons pour preuve encore ce raisonnement de Pascal connu sous l’intitulé du « pari de Pascal ». Celui-ci nous dit-il réside dans le fait qu’il est plus raisonnable de croire en l’existence de Dieu puisque qu’il existe ou non nous ne perdrons pas plus que si nous partons du principe qu’il n’existe pas et que dès lors nous aurions plus à perdre.

Ainsi, si la religion est irrationnelle, il n’en reste pas moins qu’elle appartient au domaine du raisonnable. Malgré les dogmes qu’elle peut inculquer, la religion n’échappe toutefois pas à la faculté de la raison en tant que l’homme est un être raisonnable qui a cette capacité de raisonner dessus. Contraire à la raison comme irrationalité, la religion ne peut-elle pas finalement être vue comme complémentaire à celle-ci, comme en participant ?

La religion et la raison découlent toutes les deux de la nature humaine

Nous avons vu que l’on ne peut rendre compte de la religion par la raison, mais que celle-ci pouvait être mobilisée pour discourir sur elle. L’homme n’est pas un pur être de raison, mais il a toujours en lui également une part de croyance d’où la religion tire sa force et sa justification. En disant que la religion est contraire à la raison, il y aurait ainsi une opposition radicale entre les deux qui ne semble pas tenir puisque l’homme est à la fois croyant et raisonnable, doté d’une subjectivité mais également capable d’objectivité. De cette relation contradictoire ou opposée entre raison et religion, il faudrait bien plutôt y voir une relation de complémentarité. La finitude de l’homme l’enjoint à trouver un sens caché qui préside à son existence. Car il est doté de raison, celle-ci le porte sans répit à chercher les causes des choses et notamment sa raison d’être. Mais parce qu’il est un être imparfait, non omniscient et que ses facultés sont limitées, il vise à connaitre au-delà de ce qu’il lui est possible. Naturellement donc, Kant explique dans la Critique de la raison pure que l’homme vise une connaissance qui le transcende et dont sa raison est insuffisante à rendre compte, tombant inexorablement dans des antinomies produites par sa raison. Mais l’homme n’est pas seulement un être doué de raison, c’est aussi un être sensible qui croit et qui espère. En se fondant sur la croyance, la religion poussée par la raison humaine en est à la fois le produit et la dépasse. Si l’homme est religieux, c’est ainsi parce qu’il est raisonnable. Mais plus qu’une simple condition de possibilité pour la religion, la raison humaine en est aussi sa justification. L’homme est à la fois un être de croyance et de raison, si bien que religion et raison participent de concert chez lui plutôt qu’elles s’opposent.

Conclusion

Pour conclure, si la religion ne relève pas du domaine du rationnel, il n’en reste pas moins qu’elle appartient à celui du raisonnable. Puisque la raison est la faculté de discerner, de comprendre et de démontrer, elle est impropre à rendre compte du phénomène religieux. En effet, celui-ci bien que raisonnable relève bien plus du sentiment intérieur, de la foi et de la subjectivité, que de l’objectivité visée par la raison.

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