La tâche du romancier, quand il crée des personnages, ne consiste qu'à imiter le réel ? 13.00 / 20

Pour vous aider à préparer l’épreuve de français au Bac, nous vous proposons de télécharger cet exemple de dissertation sur le sujet suivant : La tâche du romancier, quand il crée des personnages, ne consiste qu'à imiter le réel ?

 

L’objectif est de vous aider à bien comprendre la méthode utilisée pour la rédaction de ce type d’exercice avant votre épreuve au Bac. Bien entendu, il ne vous faudra pas recopier cette correction mais plutôt essayer de comprendre la structure de ce document pour réaliser votre rédaction.

 

Le corpus de texte rassemble les 4 textes suivants :

 

  • Texte A - Honoré de Balzac, le Chef-d’œuvre inconnu, 1832
  • Texte B - Victor Hugo, l’Homme qui rit, 1869
  • Texte C - Émile Zola, l’Assommoir, 1877
  • Texte D - Marcel Proust, le Temps Retrouvé, 1927
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Plan :

 

Deleuze disait que le personnage est à la littérature ce que le concept est à la philosophie. Qu’entendait Deleuze par cette phrase : avant tout que la littérature est essentiellement création, et que le personnage est l’unité centrale, le tableau d’affects propre à l’œuvre. En effet, nous pourrions nous interroger, le romancier se contente-il de reproduire un personnage réel ? Ces personnages reflètent-ils la réalité ou sont-ils le fruit de l’imagination ? Nous verrons dans un premier temps comme la réalité peut inspirer l’écrivain dans la création du personnage, mais d’une façon singulière. Ensuite, nous montrerons comment la création du personnage demeure pourtant une de l’écrivain.

 

I. Le personnage, fruit du regard de l’écrivain sur la réalité

 

La littérature est peuplée de personnages nés de la plume de différents écrivains. Mais un écrivain, c’est avant tout un être inscrit dans la réalité et capable de porter sur elle ce regard singulier qui est le sien. Un écrivain est un être qui a vu ce que nous n’avions pas vu, il est porteur d’une vision qu’il met en œuvre dans sa création. De fait, la réalité ne manque pas de l’inspirer, tant sur le plan des émotions qu’il traduit dans son travail que dans les personnages qu’il compose. Nous savons que sans être totalement autobiographique, À la recherche temps perdu s’est largement élaboré autour de l’expérience de Proust. Nous pourrions ainsi dire que les écrivains opèrent une retraduction du réel sous forme littéraire. Le romancier dans son œuvre cherche à restituer le monde dans une forme de vérité, fondée sur son expérience subjective et où l’on cherche le vrai entre l’intrigue, les personnages et les identifications qu’ils suscitent. Dans ce travail, il ne manque pas de s’inspirer des personnes qui l’entourent, qu’il rencontre, des faits divers, de la société. La naissance de Madame Bovary a par exemple été inspirée par un fait réel, le suicide d’une femme adultère. Dans l’extrait du Chef-d’œuvre inconnu de Balzac, l’écrivain réaliste met en scène un personnage avéré, Nicolas Poussin et sa rencontre avec un étrange personnage « Imaginez un front chauve, bombé, proéminent, retombant en saillie sur un petit nez écrasé, retroussé du bout comme celui de Rabelais ou de Socrate » ; pour décrire ce dernier, on peut penser que Balzac, dans ses aspirations réalistes, s’est inspiré d’un personnage réel.

 

Les réalistes cherchaient en effet à produire cette illusion de vérité, pourtant en offrant des descriptions très précises, il nous entraîne dans une esthétisation d’un réel que, de prime abord, nous ne percevions pas nécessairement.

 

De la même façon, le passage du Temps retrouvé nous offre la description d’un personnage certainement inspiré par la réalité, mais avec une justesse et un dépassement de ce réel par cette épreuve de la vie qu’est la littérature : « Elle paraissait seulement appartenir à une époque plus ancienne qu'autrefois, non seulement à cause de ce qu'elle avait pris de rude et de rompu dans sa matière jadis plus brillante, mais parce qu'à l'expression de finesse et d'enjouement avait succédé une involontaire, une inconsciente expression, bâtie par la maladie, de lutte contre la mort, de résistance, de difficulté à vivre ». Nous imaginons ce personnage avec une intensité et une profondeur qui serait difficile sans l’acuité et le regard de l’écrivain.

 

Si le réel peut être source d’inspiration dans la création du personnage, l’auteur n’est jamais tenu à une retranscription fidèle de la réalité, c’est une inspiration, un point de départ, qui se déploie nécessairement. Les personnages romanesques ne se limitent pas à une simple imitation du réel, ils sont esthétisés par le procédé littéraire.

 

Dès lors, le personnage suppose une crédibilité qui nous permet de nous projeter, de nous identifier. Les limites, les faiblesses d’un personnage, sont d’une importance capitale pour aller vers le personnage, l’oncle Gabriel est plein de faiblesses et de grandeur à la fois, dans sa façon de protéger sa nièce Zazie dans Zazie dans le métro. Même les romans historiques, directement inspirés de la réalité, demandent ce travail d’humanisation et d’esthétisation propre à la littérature.

 

II. L’écrivain ou la paternité du personnage

 

Nous comprenons que le personnage de roman ne peut se limiter à une simple retranscription du réel. Car la littérature est également une ouverture sur les possibles, à travers des personnages complexes, elle cherche à nous faire rêver, à nous montrer d’autres modalités et d’autres choix quant à l’existence. Cela suppose toujours une forme d’héroïsme, parfois radicalement anti-héroïque paradoxalement. Dans L’Étranger, Camus nous montre Mersault qui sans aucun sens tue, pour ensuite se retrouver face à l’absurde, et paradoxalement, le lecteur est aussi entraîné dans cette absence totale de sens dans nos existences.

 

Parfois, le personnage est un modèle, il personnifie les valeurs d’une société, mais toujours avec une singularité que lui confère son créateur. Car le personnage n’est jamais la norme, le commun, il est nécessairement hors du commun, parfois après une plongée profonde en deçà des apparentes trivialités qu’il peut présenter. Le personnage est ainsi un être idéalisé, créant un modèle mais qui émane de la fiction.

 

Pour bien saisir la place du personnage, de sa création, il faut prendre en considération l’activité même de l’auteur dans un champ de production humaine, la littérature, qui offre une grande liberté. Si l’on repense à Zazie dans le métro, on observe cette liberté de l’écrivain, comment Marceline, devient à la fin de l’ouvrage Marcel, alors que tout au long du roman, des soupçons d’homosexualité sont portés à l’encontre de son mari, Gabriel. Les personnages évoluent, Queneau nous entraîne dans son imaginaire, Pedro Surplus, devient Trouscaillon, puis Bertin Poirée et enfin Aroun Arachide.

 

Cela est d’autant plus vrai dans les romans appartenant à la science-fiction, il y a toujours une inspiration venant de la réalité, mais l’imagination de l’auteur la développe au point où cette inspiration première se retrouve totalement marginalisée. Dans ce registre, plus que des personnages singuliers en apparence et du point de vue psychologique, c’est des mondes qui se déploient, des êtres étranges, des pouvoirs qui n’obéissent guère aux principes rudimentaires de la physique.

 

Le roman, ses personnages, et le fruit d’un projet romanesque né dans l’esprit du créateur, de l’auteur. Il donne à voir le monde, ou une projection imaginée du monde, mais à plusieurs voix. L’auteur crée ainsi des personnages qui se distinguent les uns des autres, donnant une polyphonie particulière où l’on observe diverses positions, postures, valeurs.

 

C’est cet effet, fruit de l’imagination et de l’effort créateur de l’écrivain, qui traduit les vues de ce dernier. Au sein d’un panel de tableaux, de lieux, d’affects, l’écrivain déforme le réel, le modifie et le fait sien. Ne parle-t-on pas de l’univers de tel ou tel auteur ? Il s’agit de dépasser la réalité, d’en donner une vision plus profonde, plus dense que la réalité même, et qui s’adresse à ce que nous sommes au plus profond de nous-mêmes. Mais même dans la science-fiction, le monde que se crée le romancier répond à des règles, qu’il définit parfois lui-même, il n’est donc jamais en dehors de toute logique.

 

Le romancier est ainsi un artiste, il ne cherche pas à poser un discours scientifique sur la réalité, mais plutôt à donner naissance à une réalité, incarnée dans des personnages, qui devient une composition qui répond à des considérations esthétiques. Toutes les possibilités lui sont offertes, ainsi nous voyons dans le corpus, comment Gouget conjugue une « tendresse confiante » à l’endroit de Gervaise et la force de l’ouvrier travaillant le fer « Bien sûr, ce n’était pas de l’eau-de-vie que Gueule-d’Or avait dans les veines, c’était du sang, du sang pur, qui battait puissamment jusque dans son marteau, et qui réglait la besogne » ; avant d’ajouter « Un homme magnifique au travail, ce gaillard-là ».

 

De la même façon, l’extrait de Balzac resitue une réalité, celle de peintre mais en produisant la magie d’un tableau dans le tableau, le regard de poussin, devient lui-même pictural, tout y participe, jusqu’au manque d’éclairage qui rappelle un Rembrandt. Cette force, la littérature y accède par la liberté qu’elle offre à l’écrivain dans la création de ses personnages et de son univers.

 

Conclusion

 

Si le personnage peut parfois être inspiré par la réalité, ce n’est pour son écrivain qu’un point de départ dans une démarche créatrice bien plus large. En effet, les spécificités de la littérature font que l’auteur y déploie son imagination dans le respect de son seul projet romanesque. La littérature, plus précisément sur la question des personnages, n’a pas à reproduire la réalité telle qu’elle est, et ce même au sein du réalisme. L’écrivain n’écrit que s’il juge qu’il a quelque chose à exprimer, de façon littéraire.

 

Ainsi, toute création romanesque suppose de la nouveauté et les personnages en témoignent. Même s’ils peuvent s’inscrire dans une forme de trivialité apparente, le roman nous amène toujours à percevoir leur profonde singularité. La littérature n’est pas le réel et les personnages ont pour vocation de nous ouvrir sur des émotions nouvelles, sur des champs du possible que, paradoxalement, seule la littérature peut nous conduire à entrevoir.
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20 commentaires


Anonyme
Anonyme
Posté le 10 mars 2016

merci a vous

Anonyme
Anonyme
Posté le 6 mars 2016

Merci

Anonyme
Anonyme
Posté le 30 janv. 2016

Attention à l'usage erroné des majuscules...

Anonyme
Anonyme
Posté le 27 janv. 2016

exellent. Tu connais ton sujet sue le bout des doigts bravo

Anonyme
Anonyme
Posté le 27 janv. 2016

Très bonne maîtrise du sujet. Merci 

Anonyme
Anonyme
Posté le 19 févr. 2015

merci beaucoup pour se sujet, il m'a bien aidé pour ma dissertation !

Anonyme
Anonyme
Posté le 28 janv. 2015

Merci beaucoup, ton sujet m'a aidé dans le déroulement de ma dissertation !

 

Anonyme
Anonyme
Posté le 22 janv. 2015

UN TRÈS BON SUJET ET BONNE RÉDACTION

Anonyme
Anonyme
Posté le 19 janv. 2015

jjjjjjjjjjjj

Anonyme
Anonyme
Posté le 2 janv. 2015

Super

Anonyme
Anonyme
Posté le 6 déc. 2014

bravoo

Anonyme
Anonyme
Posté le 23 nov. 2014

très bien fait

Anonyme
Anonyme
Posté le 18 nov. 2014

  • La tâche du romancier, il s'agit là d'un bon sujet.
  • Très bonne rédaction, merci !

Anonyme
Anonyme
Posté le 5 nov. 2014

wooooo

Anonyme
Anonyme
Posté le 3 nov. 2014

interessant

Anonyme
Anonyme
Posté le 22 oct. 2014

Tout est parfait ! Merci

Anonyme
Anonyme
Posté le 20 oct. 2014

c'est vraiment super

Anonyme
Anonyme
Posté le 13 oct. 2014

assez complet

Anonyme
Anonyme
Posté le 19 sept. 2014

Très intéressant Merci infiniment !

Anonyme
Anonyme
Posté le 20 nov. 2013

La tâche du romancier très bon sujet ! Merci beaucoup

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