L'Ecole des femmes - Molière 18.00 / 20

Connu comme l’un des plus célèbres auteurs de comédie français, Jean Baptiste Poquelin ou plus communément appelé Molière, suscita souvent le scandale en raison du caractère dénonciateur de ses pièces. En 1662 il écrivit « L’école des femmes », sa première grande comédie qui obtint un franc succès mais déclencha également une vive querelle entre ses partisans et ses détracteurs. Molière prit parti de ces querelles et décida de présenter en 1666 sa « Critique de l’école des femmes » qui lui permit de répondre aux attaques dont il avait été l’objet en mettant en scène ses opposants.
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Contenu de ce document de Français > Exemples de Commentaires de textes

Introduction

 

L’extrait que nous allons étudier se situe à la scène 5 de la pièce et constitue un débat entre Dorante, Chevalier partisan de la pièce de Molière et le Marquis qui, au contraire, n’a pas apprécié cette dernière. Nous nous pencherons dans un premier temps sur la dimension comique de ce débat qui révèle à travers une argumentation stérile le caractère superficiel et caricatural du marquis. Nous nous attacherons ensuite à montrer comment Molière met en scène la défense de sa pièce à travers le personnage de Dorante, véritable porte-parole de l’auteur.

 

I) Un débat comique

 

a) L’argumentation stérile du marquis

 

La querelle entre Dorante et le Marquis s’entame sur les propos injurieux de ce dernier qui qualifie la pièce de Molière de « détestable » à quatre reprises dans une même réplique. Cette répétition abusive souligne le manque d’intelligence du marquis qui est incapable de définir avec précision l’objet de son ressenti. Tentant de donner de la force à ses propos, il les complète par une exclamation vide de sens : « Parbleu ! ».

 

L’exagération de son indignation qui ne peut s’exprimer autrement que par l’insulte répétitive confère une portée comique à ses propos. Mais encore, le spectateur peut déceler dans les premières répliques du Marquis la volonté de gagner du temps face à Dorante qui lui demande des explications plus détaillées sur ses opinions. La reprise de la question qui lui est adressée, « Pourquoi elle est détestable ? » montre son impuissance à trouver un argument valable. Mis au pied du mur, le Marquis ne peut répondre autrement que par une tautologie : « Elle est détestable car elle est détestable. ». Le débat piétine et ne peut avancer en raison de l’obstination imbécile du Marquis qui ne cesse de se réfugier derrière un seul et même mot. Nous nous trouvons ici dans la pure tradition du comique de mots. La répétition constante de l’adjectif « détestable » suscite l’amusement du public qui comprend rapidement le personnage auquel il a à faire.

 

Mais encore, l’attitude de Dorante qui se plait à pousser le marquis dans ses retranchements pour faire éclater son ignorance au grand jour participe au comique de situation. Moqueur, le chevalier se plait à mettre son interlocuteur en difficulté pour mieux l’accabler de sa sentence : « Et moi, mon cher marquis, je trouve le jugement détestable. ».

 

b) La caricature du noble imbécile

 

Face à la vacuité du jugement du Marquis qui finit par lui avouer que la seule raison pour laquelle il a trouvé la pièce détestable est que cette dernière a amusé le parterre, Dorante décide d’évoquer l’exemple d’un noble de sa connaissance : « Je vis l'autre jour sur le théâtre un de nos amis, qui se rendit ridicule par là. Il écouta toute la pièce avec un sérieux le plus sombre du monde ; et tout ce qui égayait les autres ridait son front. » Nous nous trouvons ici dans la parfaite caricature du noble imbécile empreint d’un orgueil déplacé.

 

L’évocation du « ridicule » de cet homme au sérieux déplacé est accentuée par l’hilarité qu’il déclenche chez les spectateurs qui composent le parterre : « Ce fut une seconde comédie, que le chagrin de notre ami. Il la donna en galant homme à toute l'assemblée, et chacun demeura d'accord qu'on ne pouvait pas mieux jouer qu'il fit. ». Au comique de situation s’ajoute le comique de mœurs. La condescendance de l’aristocrate qui regarde avec mépris le parterre est trop exagérée pour ne pas être risible et dénonce avec humour l’orgueil d’une noblesse aussi arrogante qu’ignorante.

 

II) La dénonciation de l’aristocratie bornée et l’éloge du parterre

 

a) La critique d’une opposition imbécile

 

L’exemple du noble ridicule permet à Dorante de dresser un portrait plus global des personnes qu’il accuse. L’ « ami » qu’il a vu se faire railler par le public est pour lui à l’image d’une bourgeoisie dont les opinions sont peu dignes de confiance. Le marquis qui n’a même pas pris la peine d’écouter la pièce s’appuie sur la réaction du parterre pour justifier le jugement qu’il s’en fait. Selon lui, le fait que des personnes d’un rang social inférieur au sien puissent rire durant une représentation est une preuve incontestable de sa médiocrité. Son jugement est conditionné par l’orgueil relatif à son rang. Dorante souligne ainsi l’injustice et la bêtise d’une telle attitude : « Tu es donc, Marquis, de ces Messieurs du bel air, qui ne veulent pas que le parterre ait du sens commun, et qui seraient fâchés d'avoir ri avec lui, fût-ce de la meilleure chose du monde ? »

 

Du cas particulier on passe à la généralité. Les « Messieurs de bel air » auxquels fait référence le chevalier symbolisent une aristocratie stupide et sans goût à laquelle on ne peut se fier.

 

b) L’intelligence du parterre

 

Pour Dorante le Marquis est en tort car le théâtre est un lieu qui ne laisse pas de place à la différence entre rangs sociaux : « le bon sens n'a point de place déterminée à la comédie ; que la différence du demi-louis d'or et de la pièce de quinze sols ne fait rien du tout au bon goût ; que, debout et assis, on peut donner un mauvais jugement […] »

 

Le chevalier considère le théâtre comme un lieu d’égalité mais aussi de rassemblement où aristocrates, bourgeois et peuple peuvent rire ensemble. A l’imbécilité des aristocrates qui maîtrisent leur rire pour ne point se ridiculiser s’oppose le bon sens populaire des gens qui constituent le parterre. Pour le chevalier, le jugement du parterre est en effet plus fiable que celui de la bourgeoisie : « à le prendre en général, je me fierais assez à l'approbation du parterre, par la raison qu'entre ceux qui le composent il y en a plusieurs qui sont capables de juger d'une pièce selon les règles, et que les autres en jugent par la bonne façon d'en juger, qui est de se laisser prendre aux choses, et de n'avoir ni prévention aveugle, ni complaisance affectée, ni délicatesse ridicule. ».

 

Les membres du parterre ont l’avantage de pouvoir réellement profiter du spectacle et de le juger avec objectivité car ils se dédient entièrement à son observation à l’inverse des nobles qui sont plus occupés à observer les réactions du public et à se composer une attitude de façade.

 

Conclusion

 

Le débat entre le Marquis et Dorante permet à Molière de faire la défense de sa comédie tout en ridiculisant ses opposants. En effet le personnage du Marquis symbolise les détracteurs de Molière. Son argumentation stérile ainsi que ses jugements infondés laissent transparaître avec humour l’imbécilité d’une opposition bien plus occupée à préserver la dignité de son rang social qu’à s’intéresser véritablement à l’Art de la comédie.

 

Véritable porte-parole de Molière, Dorante permet à l’auteur de critiquer sous couvert de fiction ses opposants tout en faisant l’éloge d’un public idéal : celui du parterre. A travers l’argumentation de Dorante se profile la profonde croyance de Molière selon laquelle le théâtre doit être vécu comme le lieu et le temps de l’égalité entre classes et de l’unification dans le rire.
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10 commentaires


Anonyme
Anonyme
Posté le 6 juin 2015

merci

 

Anonyme
Anonyme
Posté le 6 juin 2015

Tres utile

Anonyme
Anonyme
Posté le 22 mai 2015

Merci beaucoup pour ce document bien complet.

Anonyme
Anonyme
Posté le 4 mai 2015

c'est une très bonne fiche de lecture merci

Anonyme
Anonyme
Posté le 15 mars 2015

Mercii pour ce document

Anonyme
Anonyme
Posté le 13 janv. 2015

J'ai aimé le contenu de ce document merci

J'ai prie bcq de chose

Anonyme
Anonyme
Posté le 13 janv. 2015

Cette fiche de lecture est très bien pour comprendre en profondeur la pièce.

Anonyme
Anonyme
Posté le 30 déc. 2014

Très bien construit

Anonyme
Anonyme
Posté le 8 nov. 2014

Molière quel artiste ! Cette fiche de lecture résume très bien cette oeuvre ! CE SERA PARFAIT

Anonyme
Anonyme
Posté le 9 janv. 2014

Molière quel artiste ! Cette fiche de lecture résume très bien cette oeuvre !

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