Commentaire de texte : « Histoire d'un voyage fait en la terre du Brésil » de Jean de Léry 16.00 / 20

Annale bac : Jean de Lery, « Histoire d'un voyage fait en la terre du Brésil », Chapitre XIII

En 2012, tous les étudiants en classe de première L ont eu à passer leur bac de français-littérature. Parmi les sujets qui leur étaient proposés, ils avaient la possibilité de choisir entre un sujet de dissertation, un sujet d’invention et un sujet de commentaire de texte. Nous allons ici nous intéresser au commentaire composé, et le sujet de bac de français-littérature de 2012 se basait sur l’œuvre de Jean de Lery : « Histoire d’un voyage fait en la terre du Brésil », Chapitre XIII.

Ce sujet de commentaire composé que les étudiants de première L eurent à passer lors de leur épreuve anticipée écrite de français-littérature de 2012 n’était pas des plus faciles. Il nécessitait une concentration profonde et demandait une forte réflexion. Par ailleurs, du fait de leur filière, les correcteurs se sont montrés très exigeant et attendaient donc beaucoup des étudiants de 1ère L de 2012.

Si vous êtes en première L et êtes en pleine préparation pour passer votre Bac de français-littérature en 2013, nous mettons à votre disposition ce corrigé intégral de l’extrait de « Histoire d’un voyage fait en la terre du Brésil » de Jean de Lery. Cette annale vous sera d’une très grande utilité et vous permettra de mieux préparer votre commentaire de texte. Grâce à ce sujet de bac de français-littérature que nous mettons à votre disposition gratuitement, vous serez en mesure de vous exercer plus facilement et de bien réussir votre épreuve écrite.

Si vous êtes en terminale L et avez déjà passé vos épreuves anticipées en 2012, ce corrigé de français-littérature vous servira à mettre le doigt sur les erreurs que vous auriez pu commettre lors de votre épreuve écrite. Grâce à cette annale, vous pourrez progresser plus rapidement, mieux vous épanouir durant votre année de terminale, et donc mieux réussir votre Bac L.

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Introduction

Né en 1536, Jean de Lery est aujourd’hui considéré comme l’un des pères fondateurs de l’ethnologie.

Modeste cordonnier et étudiant en théologie, il participa à l’âge de 23 ans à une expédition au Brésil organisée sous l’ordre d’Henri 2 qui désirait y installer une colonie française protestante. A l’occasion de ce voyage, il partagea pendant un temps le quotidien d’une tribu d’indigènes cannibales : les Tupinambas. Cette aventure hors norme le conduira 20 ans plus tard à retranscrire par écrit son périple dans un ouvrage intitulé « Histoire d'un voyage fait en la terre du Brésil ».

Le texte que nous allons étudier est extrait du chapitre XIII et retranscrit un dialogue entre l’auteur et un indien Tupinamba qui s’interroge sur les raisons de la venue des Européens au Brésil. Nous observerons dans un premier temps le caractère exotique de ce passage pour mieux aborder par la suite la réflexion entamée sur la notion de possession à la lumière de l’échange entre les deux protagonistes. Nous achèverons enfin notre étude en démontrant l’importance accordée à la question de l’altérité qui place cet extrait dans la continuité de la pensée humaniste.

1. Une atmosphère exotique

Jean de Lery place son dialogue dans un Brésil jusqu’alors méconnu des européens et le teinte d’un exotisme attrayant afin de mieux séduire ses lecteurs.

1.1. Le vocabulaire de l’ailleurs

Les répliques de l’indien sont étonnement bien structurées dans ce passage, témoignant du travail de correction et de traduction qu’a effectué Jean de Lery afin de rendre cet échange compréhensible à ses lecteurs. Malgré tout, la présence de mots issus de la langue indigène tels que « Arabotan », « Mairs » ou encore « Peros » émaille le texte. Loin d’être innocent, cet effet stylistique est un moyen pour l’auteur de faire voyager ses lecteurs et de les initier à l’ailleurs à travers des mots aux sonorités étrangères.

1.2. Un interlocuteur inhabituel

Le contenu du dialogue est fortement influencé par la différence de culture qui existe entre les deux interlocuteurs. Ainsi l’indien Tupinamba fait montre d’une certaine candeur pour le lecteur lorsqu’il demande à Jean de Léry « : « Que veut dire que vous autres Mairs et Peros, c’est-à-dire Français et Portugais, veniez de si loin pour quérir du bois pour vous chauffer, n’y en a-t-il point en votre pays ? ». Ici l’ailleurs n’est plus simplement géographique mais également culturel et vient satisfaire la curiosité des lecteurs de l’époque, particulièrement friands de récits de voyage. La méconnaissance des lecteurs européens à l’égard des Tupinambas qui ignorent jusqu’aux principes les plus élémentaires de leur mode de vie renforce le caractère atypique et dépaysant de cette rencontre littéraire.

2. Une réflexion sur la question des biens matériels

La première évocation de l’utilisation du bois du Brésil par les européens est l’occasion d’une argumentation entre les deux hommes qui ne partagent pas la même vision de la possession.

2.1. La frivolité et les excès des européens

La curiosité de vieil indien Tupinamba vis-à-vis de l’utilisation que comptent donner les européens au bois du bois Brésil tient en partie au fait que ces derniers en importent une énorme quantité : « Voire, mais vous en faut-il tant ? ». Cette volonté d’en vouloir toujours plus dénote dans un premier temps l’avidité des européens qui exploitent avec excès les ressources naturelles du Brésil. Cette impression est renforcée par un effet d’accumulation lorsque l’auteur explique à son interlocuteur que « y ayant tel marchand en notre pays qui a plus de frises et de draps rouges, voire même […] de couteaux, ciseaux, miroirs et autres marchandises que vous n’en avez jamais vu par deçà, un tel seul achètera tout le bois de Brésil dont plusieurs navires s’en retournent chargés de ton pays. ». L’allusion à l’abondance de biens et de richesses superficielles dont disposent certains européens souligne la frivolité d’un mode de vie fait d’excès. La notion de possession relève dans le cas des européens bien plus du caprice que de la satisfaction des besoins de première nécessité. Dès lors, l’argument de Jean de Lery devient caduc pour l’indien Tupinamba qui ne peut reconnaître l’intérêt d’un mode de fonctionnement si différent de celui de son peuple.

2.2. Une vie en harmonie avec la nature

A l’inverse des Européens, les indiens Tupinambas prônent un mode de vie s’accordant à la mesure de leurs simples besoins vitaux. Lorsque Jean de Lery évoque la richesse dont certains disposent dans son pays, le vieil indien ne peut retenir d’exprimer sa surprise avec une teinte de moquerie : « Ha, ha, dit mon sauvage, tu me contes merveilles. » La réalité de l’auteur semble bien trop illogique aux yeux de l’indigène pour qu’il puisse apporter y apporter quelconque crédit. En effet, pourquoi consommer une telle quantité de bois si ce n’est pas pour se chauffer ? Quelle impérieuse utilité peut-on bien avoir de teintures ? Le vieil indien Tupinamba relève l’absurdité de cette course à la possession à travers une question faussement naïve ou l’on peut déceler une pointe d’ironie : « Mais cet homme tant riche dont tu me parles, ne meurt-il point ? ». Ici s’exprime le point culminant de l’argumentaire qui oppose les deux hommes. Le caractère éphémère de la vie n’épargne pas même les plus riches, alors pourquoi chercher à accumuler des trésors vouées à l’abandon ? Tandis que les européens font du commerce un pôle déterminant de leur société, les indiens préfèrent quant à eux vivre en harmonie avec leur environnement, utilisant le bois pour se chauffer ou encore décorer des objets tirés de la nature.

3. Un texte dans la lignée de la pensée humaniste

Au-delà des différends qui semblent opposer Jean de Lery et son interlocuteur Tupinamba, l’échange entre les deux hommes est l’occasion d’une approche de l’Autre vécue sous le prisme de la tolérance.

3.1. La reconnaissance de l’autre dans sa différence

La conversation entre les deux hommes est marquée par une entente cordiale qui n’est nullement entachée par leur mode de vie différent. Si l’on peut dénoter une certaine condescendance dans les propos de Jean de Lery lorsque ce dernier stipule prendre soin de trouver des exemples parlants afin que son interlocuteur puisse le comprendre, il ne faut pas non plus oublier qu’il s’agit avant tout d’une volonté de poursuivre le dialogue et d’apprendre de l’Autre. Loin de se moquer de l’apparente crédulité de son interlocuteur, l’auteur répond à toutes ses questions sans faire secret de la réalité. Mais encore, lorsque l’indien manifeste une pointe de moquerie concernant les extravagances des européens, Jean de Lery, loin de s’offusquer, poursuit ses explications, démontrant par sa réaction qu’il conçoit et respecte le fait que son interlocuteur puisse avoir une perception des choses différente de la sienne. Cette ouverture d’esprit mérite d’être soulignée car elle était particulièrement rare à une époque où l’on considérait d’avantage les indigènes comme des sauvages à éduquer que comme des êtres capables de finesse et d’intelligence.

3.2. La valorisation de la sagesse des indiens

Grâce à ses interrogations, le vieux Tupinamba mène le dialogue, suivant la méthode maïeutique. Bien que ses interventions soient courtes, elles dénotent une grande vivacité d’esprit ainsi qu’un sens du répondant que l’auteur ne manque pas de relever : « Sur quoi, comme ils sont aussi grands discoureurs, et poursuivent fort bien un propos jusqu’au bout […] ». Tandis que l’auteur semblait dans la première partie du dialogue être dans la position d’un professeur qui dispense une leçon et juge des capacités intellectuelles de son élève, les rôles s’inversent et c’est finalement le vieil indien qui, dans sa sagesse, donne matière à réflexion au jeune européen. En effet ce dernier n’oppose aucun argument aux déclarations de son interlocuteur lorsqu’il remet ouvertement en cause l’inutilité de la richesse matérielle. La sagesse soulignée de l’indien qui suit l’idée selon laquelle l’homme doit accorder sa raison avec la nature est profondément humaniste et témoigne ainsi de l’affection que porte Jean de Lery à ce mouvement de pensée.

Conclusion

Séduisant par son exotisme, l’ouvrage de Jean de Lery dépasse donc le simple récit de voyage pour inviter le lecteur à une réflexion sur la nature de l’homme ainsi que des liens qui l’unissent aux autres. Cet extrait est tout particulièrement parlant concernant l’évolution de la pensée de l’auteur, qui, confronté à la différence des indiens Tupinambas fait le choix de la tolérance. Malgré tout, on peut se demander à quel point ce récit est authentique tant il répond aux caractéristiques de la pensée humaniste ainsi qu’aux attentes des lecteurs de l’époque. S’il est possible que Jean de Lery ait édulcoré son discours afin qu’il puisse servir à véhiculer la valeur de la tolérance, il n’en reste pas moins un document précieux dont la richesse des propos marquera par la suite de grands auteurs tel que Michel de Montaigne.

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3 commentaires


Anonyme
Anonyme
Posté le 31 mai 2015

Document super !

Anonyme
Anonyme
Posté le 12 déc. 2012

le choix de l'oeuvre (Histoire d'un voyage fait en la terre du Brésil) , du texte et de l'auteur est une réussite. J'ai eu la chance de lire cet extrait, il y a quelques années, et j'ai aimé le relire aujourd'hui...je vous félicite....
Merci.
Bonne continuation

Anonyme
Anonyme
Posté le 5 déc. 2012

Je me souviens de cet extrait du chapitre XIII de "Histoire d'un voyage fait en la terre du Brésil" ! J'avais beaucoup aimé :) Jean de Léry est vraiment quelqu'un de bon, j'aime beaucoup ce qu'il fait.


merci pour le sujet gratuit corrigé !

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