La consécration controversée de la corrida au patrimoine culturel français

Le taureau est l’une des figures mythologiques majeures face à laquelle l’Homme a toujours cherché à se mesurer : on pense notamment à Thésée contre le Minotaure, à Jason imposant le joug aux taureaux d’Héphaïstos ou encore à Hercules s’acquittant de l’un de ces 12 travaux en dominant le taureau crétois. On peut admirer dans la corrida un lointain héritage de ces affrontements homériques, où le torero incarne le héros libérant la Cité d’une bête sauvage autant crainte que respectée. Mais l’on peut aussi y voir un spectacle sinistre et sanglant où le torero endosse le rôle du bourreau pour assurer le divertissement d’une foule en mal de sensations fortes. Aussi caricaturale l’une que l’autre, ces deux visions sont défendues par les franges les plus militantes des deux « camps » respectifs que constituent les pro et les anti-corridas. Les tensions existantes entre ces deux groupes sont exacerbées par le récent projet des aficionados visant à intégrer la corrida à la liste représentative du patrimoine culturel immatériel (PCI) de l’Humanité. Cette liste résulte de l’application de la convention adoptée en 2003 par les Etats-membres de l’UNESCO, qui a pour but d’assurer la sauvegarde des éléments du patrimoine relatifs aux cultures traditionnelles, aux arts vivants et aux langues. Le projet d’intégration de la corrida sur la liste du PCI suscite une violente polémique alimentée par les divergences de vue que nous venons d’évoquer. Il apparaît donc utile de chercher à étudier la question de cette intégration de manière aussi dépassionnée que possible, en commençant par définir notre sujet de façon objective. Nous entendrons donc par « corrida » un « spectacle tauromachique au cours duquel des taureaux sont mis à mort ». Nous nous focaliserons principalement sur les évolutions qui ont amené à défendre l’inscription de cette pratique sur la liste du PCI, ainsi que sur les interrogations soulevées par ce projet. Nous tenterons ici de démontrer que le déclin du fait culturel corrida s’explique notamment par la virulente contestation dont il a fait l’objet (I), et que c’est la conscience de ce dépérissement qui a amené les aficionados à rechercher la consécration de cette pratique comme patrimoine culturel immatériel (II).
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INTRODUCTION Partie I. La corrida comme citadelle assiégée : un fait culturel en déclin A) Une pratique recouvrant différents aspect de la culture : rite, jeu et spectacle définissant l’identité d’une communauté B) Une pratique en voie de disparition ? Le déclin de la corrida et ses causes PARTIE II. La recherche d’une consécration comme patrimoine immatériel A) Stratégie offensive des aficionados et projet d’inscription au PCI B) Les questions soulevées par l’intégration de la corrida au PCI : éthique, juridique et liens entre culture et démocratie CONCLUSION
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