Dissertation : Faut-il être cultivé pour apprécier une œuvre d'art ? 15.00 / 20

Corrigé bac : Faut-il être cultivé pour apprécier une œuvre d'art ?

En juin 2012, ce sont les étudiants de terminale technologique (STG) qui ont eu à traiter ce sujet. Bien qu’il paraisse simple au premier abord, le correcteur attendait une certaine réflexion de la part de l’élève et désirait plus qu’une seule réponse terre-à-terre pour attribuer une note convenable. En effet, vous deviez allez plus loin que ce qui vous venait à l’esprit en premier lieu.

Il fallait tout d’abord décortiquer cette problématique pour mieux la comprendre. Ainsi, même des mots tout simples tels que le verbe « être » et le nom « art » prenaient tout leur sens si on essayait de les analyser convenablement. Il était donc important que vous preniez le temps d’analyser la question qui vous était donnée et repérant les mots-clés importants. L’étudiant de STG devait être en mesure de comprendre certaines nuances abordées en cours de philosophie durant son année scolaire.

Dans ce contexte, il faut savoir que par « être », on évoque un état, une situation, ainsi le groupe de mot « être cultivé » sous-entend « être dans un contexte qui fait de nous quelqu'un d'intrinsèquement cultivé ». Le mot « art » désignait non pas un simple savoir-faire humain, mais une production, une création destinée à plaire, et/ou à faire réagir. L’art dans ce sens-là vise à faire naître une appréciation esthétique chez celui qui en prend conscience. « Apprécier », quant à lui, ne sous-entendait pas « aimer » mais plutôt « évaluer » ou « juger ».

Il faut enfin savoir que contrairement à d’autres, ce sujet de bac de philosophie ne nécessitait pas seulement une réflexion personnelle, il était aussi important que vous ayez bien appris et assimilé vos cours de philosophie de terminale. En effet, la problématique « Faut-il être cultivé pour apprécier une œuvre d’art ? » faisait appel à de nombreuses connaissances non seulement philosophiques, mais aussi sociologiques. Ainsi, votre copie devait être truffée de noms et citations servant de références littéraires.
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Introduction

L’art relève de la combinaison d’une technique et de l’esthétique par lesquels l’artiste communique sa subjectivité. Qu’une œuvre soit belle ou non, elle ne manque pas de produire un jugement de goût par les spectateurs qui la reçoivent. Or dans ce jugement intervient tout à la fois un plaisir pris à contempler l’œuvre et la compréhension que l’on retire de celle-ci. Apprécier une œuvre d’art relève dès lors du jugement et du goût qui n’ont pas nécessairement des valeurs d’absolus mais sont relatifs à la sensibilité particulière de chacun. Parce qu’une œuvre d’art ne produit pas le même effet et n’éveille pas la même sensibilité chez tout le monde, apprécier une œuvre d’art n’est pas une science qui doit provoquer l’assentiment de tous mais seulement celui d’une communauté qui le partage. Néanmoins, puisqu’une œuvre d’art s’inscrit dans la culture humaine, être cultivé peut favoriser son appréciation en la replaçant dans son contexte. Entre culture et goût esthétique, on peut s’interroger s’il y a nécessairement complémentarité ou si l’un peut se passer de l’autre ? Le « Faut-il » de l’énoncé a-t-il dans le fait d’apprécier une œuvre d’art valeur de nécessité, de participation ou une qualité superflue dans le plaisir pris à contempler une œuvre ?

Plan

Pour ce faire, nous verrons tout d’abord que la connaissance et le fait d’être cultivé participent de l’appréciation d’une œuvre d’art mais qu’elle n’est pas suffisante. Car l’art relève du pur plaisir et fait appel à la subjectivité, à ce qui nous touche, en fonction de notre sensibilité, nos expériences, et des émotions que cela provoque en nous. Et finalement, si seule cette dernière permet d’apprécier pleinement une œuvre d’art, alors la connaissance et la culture pourraient par conséquent être vues comme des obstacles pour épuiser le sens d’une œuvre.

La connaissance et la culture permettent d’apprécier une œuvre d’art

L’œuvre d’art ne relève pas de la nature mais appartient au domaine de la culture humaine. Dans la production artistique il y a en effet l’idée de réflexion qui préside à la conception d’une œuvre. En amont, l’artiste réfléchit librement afin de donner forme à sa pensée qu’il matérialise sur un support qui devient l’œuvre d’art. Cette réflexion est le signe d’une représentation que l’artiste veut imprimer à son œuvre, qu’elle soit fidèle à son modèle comme c’est le cas de la mimétique, ou qu’elle s’en écarte pour laisser place à toute la subjectivité de son auteur. Apprécier une œuvre implique ainsi de tenter de comprendre cette représentation librement voulue par l’artiste. Or parce qu’un artiste s’inscrit dans une époque et un lieu particulier, parce qu’il a une histoire personnelle qui lui est propre, qu’il appartient à un mouvement artistique ou qu’il en créé un nouveau, son art en est ainsi imprégné. Cultiver ces connaissances, c’est favoriser la compréhension des œuvres d’un artiste et la subjectivité qui les peuple. Connaître la vie d’un artiste et son époque permet souvent de mieux appréhender ses productions artistiques par les influences desquelles il a pu s’inspirer. La culture que l’on a ainsi d’un artiste et de ses œuvres, participe donc de l’appréciation que l’on peut en avoir.

De même, si l’art ne relève pas de la nature c’est qu’il suggère une technique qui préside à sa production. En effet, dans le domaine de l’art il ne suffit pas de savoir ce qu’il faut faire ni comment le faire, mais celui-ci fait intervenir une habileté humaine, un savoir-faire que doit détenir l’artiste qui créé. Apprécier une œuvre d’art, c’est ainsi prendre toute la mesure de la technique afférente à l’œuvre et qui en fait sa qualité. Puisque apprécier c’est porter un jugement, la technique est une caractéristique de l’œuvre d’art qui permet de la juger à sa juste valeur. Car une œuvre d’art n’a pas seulement vocation à viser le beau mais à représenter des formes, la technique peut constituer toute la valeur d’une œuvre. Pour faire naître un sentiment d’appréciation, juger de la technique est ainsi primordial et ne peut l’être qu’à condition de connaître les difficultés qu’il y a à maîtriser les techniques qui président à la production d’œuvres d’art.

L’art fait appel à la subjectivité

Néanmoins, au-delà de la connaissance en histoire de l’art et des techniques artistiques que l’on possède, la valeur d’une œuvre ne réside pas toute entière dans celle-ci sinon bien des œuvres jugées comme telles n’appartiendraient pas au domaine de l’art. C’est pourquoi, l’appréciation relève-t-elle également de l’expérience esthétique que les œuvres d’art rendent possible.

Comme nous l’avons dit, l’œuvre d’art est une représentation que produit l’artiste, laquelle témoigne de sa subjectivité. Or il résulte de la réception de cette subjectivité chez le spectateur, des sentiments, des sensations, des évocations. Une œuvre nous touche car elle éveille chez nous un sentiment particulier, qu’il soit un plaisir ou un dégoût. Une œuvre d’art provoque des émotions qui jaillissent de notre sensibilité et de l’interprétation que l’on s’en fait. Puisque apprécier c’est juger, le jugement que l’on fait de la contemplation d’une œuvre d’art est un jugement de goût. On peut bien trouver belle ou laide une œuvre, mais son appréciation, parce qu’elle nous touche directement à travers la subjectivité de l’auteur n’a pas besoin d’intermédiaire comme la culture. Cette appréciation peut à la fois relever de nos expériences personnelles, de notre sensibilité ou de notre compréhension subjective d’une œuvre dont on se fait l’interprète. Dans la critique de la faculté de juger, Kant écrit « qu’est beau ce qui procure une satisfaction affranchie de tout intérêt », car le jugement de goût n’est pas un jugement de connaissance mais un jugement esthétique qui se rapporte à un sentiment, à une façon de sentir. Apprécier quelque chose signifie ainsi que cela procure un sentiment de plaisir. A la différence d’un jugement de connaissance qui dépendrait de la culture que l’on aurait, le jugement esthétique est subjectif, il se rapporte à celui-là même qui juge et porte sur la façon dont l’objet l’affecte. De cette « satisfaction affranchie » il s’ensuit un plaisir « désintéressé » qui consiste à ne pas chercher dans l’objet une quelconque connaissance à en retirer.

La connaissance et la culture peuvent constituer des obstacles

Mais dès lors, si l’appréciation d’une œuvre d’art relève simplement du jugement esthétique, doit-on considérer le fait d’être cultivé comme participant à l’appréciation pleine et entière d’une œuvre ou comme relevant d’un obstacle ?

Encore une fois, la connaissance artistique permet souvent de mieux saisir ce qui préside à la création d’une œuvre d’art et à sa valeur qualitative à travers la technique mise en œuvre par l’artiste.

Apprécier à sa juste valeur l’art, cela s’éduque. Pourtant, à la compréhension purement artistique et représentative d’une œuvre que nous enseigne la culture, s’oppose l’appréciation subjective d’une œuvre d’art comme relavant du pur plaisir esthétique que cela procure chez le spectateur. Entre jugement et compréhension, l’appréciation d’une œuvre d’art est davantage du côté du premier terme que du second. Car celle-ci, bien qu’elle ait un sens, une portée significative que tente de transmettre l’auteur et que la culture peut nous aider à comprendre, est avant tout la manifestation de la liberté humaine. L’artiste, en laissant libre cours à sa pensée produit une œuvre qui dépasse la pure description que l’on peut en rendre. L’œuvre d’art ne répond pas à un souci de véhiculer un message particulier mais représente bien plutôt cette infinie liberté de création singulière. La subjectivité d’un artiste qui s’extériorise à travers ses œuvres dépasse ainsi le sens que l’on peut assigner à une œuvre. Apprécier se dirait donc davantage du ressenti que du comprendre. Plus encore, la culture peut être vue comme un obstacle qui limite le sens d’un œuvre en portant atteinte à la liberté humaine qui s’exprime dans les œuvres.

Conclusion

Si toute œuvre d’art peut être expliquée et comprise par la connaissance et la culture que l’on possède, son appréciation ne s’y limite toutefois pas. Car par la pure compréhension descriptive que l’on donne d’une œuvre, on l’enferme par là même dans un sens figé. Apprécier une œuvre d’art à sa juste valeur, c’est davantage y être réceptif. Etre cultivé peut bien participer à l’appréciation d’une œuvre en prenant en compte sa portée, sa valeur artistique et son histoire. Mais cette culture n’est pas une nécessité. L’appréciation d’une œuvre d’art réside donc bien davantage dans l’expérience esthétique que l’on en fait à travers sa propre subjectivité.
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7 commentaires


Anonyme
Anonyme
Posté le 29 nov. 2015

J'apprécie énormement ce site !

Anonyme
Anonyme
Posté le 29 nov. 2015

Superdoc est un site incroyable. Il nous permet de trouver une solution à n'importe quelle question!

Anonyme
Anonyme
Posté le 28 nov. 2015

genial

Anonyme
Anonyme
Posté le 28 nov. 2015

parfait

Anonyme
Anonyme
Posté le 3 avr. 2015

cela est agreable de voir comment la suite progressive d'idee est etale.Enfin une dissertation digne de ce nom

Anonyme
Anonyme
Posté le 11 déc. 2012

Une excellente dissertation qui me servira beaucoup puisque j'ai dans deux jours les Eaf de francais. les mots sont profonds et il y'a tout un raisonnement philosophique, tout ce que j'aime. c'est pas partout que l'on peut voir un travail de grande qualité.

Anonyme
Anonyme
Posté le 15 nov. 2012

Excellente cette dissertation ! Merci beaucoup ! je sens qu'elle va me servir énormément :) Pour ceux qui étaient en terminale STG l'année dernière c'est vraiment top ! Un bon moyen pour réviser de relire une annale de bac. Merci beaucoup pour ce doc donné généreusement, c'est pas partout qu'on peut retrouver ça ! C'es top :)

Continuez !!!!

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