Dictionnaire philosophique portatif ou la raison par alphabet 20.00 / 20

Le Dictionnaire philosophique ou La Raison par alphabet est une œuvre de Voltaire. Elle a été publiée en 1764 sous le nom de Dictionnaire philosophique portatif, qui a été conçue par son auteur comme une machine de guerre contre « L'Infâme ».

 

Francois-Marie Arouet, plus communément appelé Voltaire est né le 21 novembre 1694 à Paris et est mort le 30 mai 1778. Il fut un philosophe et un écrivain célèbre qui marqua tout le XVIII ème siècle, le Siècle des Lumières.
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SITUATION DE L'ŒUVRE

1.1) Dans le contexte historique

 

Le Dictionnaire philosophique de Voltaire paraît sous le règne de Louis XV, roi de France depuis 1715. Celui-ci, grand lecteur, passionné avant tout de sciences et de techniques, est un homme du siècle des Lumières.

 

Depuis 1730, la France connaît une période de prospérité matérielle. C'est le temps des premières grandes aventures marchandes et industrielles, le règne de la bourgeoisie financière. Parallèlement, de profondes mutations sociales sont en cours qui, à terme, mettront en danger l'Ancien Régime, en place depuis 1515 et prônant une monarchie absolue de droit divin.

 

1.2) Dans la production de l'auteur

 

Lorsque paraît à Genève la première édition du Dictionnaire philosophique, en 1764, Voltaire a 70 ans, une déjà longue carrière d'écrivain semée de démêlés avec le pouvoir derrière lui, et encore beaucoup de projets littéraires. Il vit à Ferney depuis environ 4 ans et n'est toujours pas le bienvenu à Paris.

 

Conçu au départ comme une œuvre collective, ce Dictionnaire est l'aboutissement de toute une vie d'idées philosophiques. Mais il paraît sans nom d'auteur et Voltaire dénie pendant longtemps le fait de l'avoir écrit. Malgré tout, la publication de cet ouvrage marquera une grande date du règne de Louis XV.

 

2) BIOGRAPHIE DE L'AUTEUR

 

François Marie Arouet, dit Voltaire, est né à Paris en 1694. Fils de notaire, il fait de brillantes études au collège de Clermont. Ses premiers pas dans la création littéraire sont déjà controversés et annoncent ses démêlés constants avec le pouvoir. Le Régent le fait embastiller, les années 1717 et 1718, suite à des vers irrévérencieux à son égard.

 

Voltaire connaît très vite la célébrité, et la richesse, grâce à une activité de commerce qu'il pratique avec l'Amérique, avec la complicité de banquiers parisiens. Toujours en opposition avec le pouvoir, il est envoyé 3 ans en exil en Angleterre. Il s'oriente alors vers la philosophie réformatrice et publie Les Lettres philosophiques en 1734.

 

Ses idées philosophiques sont diffusées dans des poèmes, des contes, des essais historiques. C'est un brillant historien qui connaît parfaitement les mécanismes du pouvoir. Il réussit moins bien dans la comédie. Quelques poésies officielles, comme le Poème de Fontenoy, en 1745, lui ouvrent les portes de l'Académie et de la Cour. Voltaire devient historiographe du roi en 1746. Contraint de nouveau à s'éloigner de Paris, il s'installe autour de 1760 à Ferney, à la frontière franco-genevoise, où il reçoit l'élite européenne et fait jouer ses tragédies. Il y restera 18 ans et fera prospérer le village.

 

Rentré en grâces, en pleine gloire, Voltaire revient à Paris en 1778, et y meurt la même année. Voltaire était opposé au Romantisme, et s'est moqué de toutes les grandes idées et de tous les grands hommes de son époque. Il était parfaitement irrévérencieux.

 

Admirateur du siècle de Louis XIV, il avait un penchant pour la bourgeoisie libérale anticléricale. Il a lutté toute sa vie contre le fanatisme religieux, les abus politiques et l'inégalité des richesses. Il s'affichait comme le porte-parole du nouvel humanisme des Lumières, s'inquiétant du bonheur que l'on peut trouver ici-bas plutôt que du salut éternel.

 

Ses contes, récits vifs et spirituels, demeurent la partie la plus vivante de son œuvre, alors que lui- même était plus tourné vers ses épopées et ses tragédies. Grand défenseur des droits de l'homme, Voltaire s'est avéré un précurseur des valeurs mises en avant par la Révolution française. Voltaire, né François Marie Arouet, est entré au Panthéon en 1791.

 

3) L'ŒUVRE

 

3.1) Présentation

 

L'idée de départ de Voltaire est celle d'une encyclopédie de poche, faisant un bilan de connaissances diverses et donnant au lecteur la liberté de lire uniquement ce qui l'intéresse, et dans le sens qu'il le désire. Il propose des sujets variés, dans des styles tout aussi variés, mais toujours sur le ton d'une causerie, et rangés par ordre alphabétique. De cette manière, les articles qui se suivent traitent de sujets complètement différents.

 

Dans la mesure où il s'agit d'un répertoire des souffrances subies par l'être humain et donc, pour l'époque, d'un véritable manifeste pour la liberté de penser, Voltaire souhaite que cet ouvrage soit de petit format, facile à manier et à cacher des perquisitions de la police. À qui s'adresse le Dictionnaire philosophique ? Voltaire donne la réponse dans une préface datée de 1765 : « Ce n'est même que par des personnes éclairées que ce livre peut être lu ; le vulgaire n'est pas fait pour de telles connaissances ; la philosophie ne sera jamais son partage.

 

Ceux qui disent qu'il y a des vérités qui doivent être cachées au peuple ne peuvent prendre aucune alarme ; le peuple ne lit point ; il travaille six jours de la semaine, et va le septième au cabaret. » Cependant, au XIXe siècle, les classes populaires viendront à la lecture de ce Dictionnaire. Il représentera une des œuvres de Voltaire les plus demandées. Encore à notre époque, le Dictionnaire philosophique reste un ouvrage de référence.

 

3.2) Origine

 

De 1750 à 1753, Voltaire cherche la sécurité auprès de Frédéric II de Prusse, à Potsdam, en Allemagne. C'est dans les salons, au cours de conversations mondaines, et plus particulièrement lors d'un souper de Frédéric II en 1752, que le Dictionnaire philosophique de Voltaire prend sa source. Ce dernier reprochant à l'Encyclopédie ses longueurs et son manque de légèreté, il voit là l'occasion de réaliser un nouveau type d'ouvrage, qui lui permettrait de mettre de l'ordre dans ses propres idées : « Je suis absorbé dans un compte que je me rends à moi-même par ordre alphabétique, de tout ce que je dois penser sur ce monde-ci et sur l'autre, le tout, pour mon usage, et peut-être, après ma mort, pour l'usage des honnêtes gens. »

 

3.3) Sa composition et ses particularités

 

a) La première édition du Dictionnaire philosophique de Voltaire comportait 73 articles, traitant de sujets aussi différents que : l'âme, le beau, Dieu, le goût, la guerre, les Juifs, l'ignorance, la liberté, les miracles, la philosophie, le rêve, le style, les supplices... entre autres.

 

L'édition originale a été augmentée de nouveaux articles plusieurs fois, donnant lieu à des rééditions successives, de 1764 à 1769. La dernière édition avait pour titre : La Raison par alphabet. C'est celle que nous analysons ici.

 

Plusieurs articles prennent leur source dans les écrits des meilleurs auteurs de l'Europe, ou encore chez les jésuites et les bénédictins, Voltaire exerçant malgré tout son esprit critique.

 

b) Les particularités :

 

- entreprise individuelle, même si certains articles font référence à un nom - succession de textes brefs - grande variété de sujets et de styles d'écriture - classement par ordre alphabétique - rajouts d'articles dans les éditions successives, rendus possibles grâce à l'ordre alphabétique

 

3.4) Les thèmes abordés

 

Le Dictionnaire philosophique de Voltaire représente avant tout un combat contre le fanatisme et l'intolérance. Cependant, toutes sortes de thèmes y sont abordés. Quelques exemples :

 

a) la théologie (Dieu, le divin, la religion)

 

- « Dieu » : ou le refus de la métaphysique. - « Athée, athéisme » : lutte contre le fanatisme et les persécutions menées contre les athées. Lumière sur l'utilité sociale et morale de la croyance en un dieu. - « Théologien » : pour Voltaire, il s'agit d'un historien des différentes religions, c'est-à-dire ce qu'il aspire à être lui-même.

 

b) la morale

 

- « Amitié » et « Amour nommé socratique » : Voltaire aborde l'homosexualité, sujet tabou. Il s'interroge sur la « nature ». - « Morale » : Voltaire parle d'une morale universelle, en opposition aux dogmes. « Sitôt qu'ils réfléchissent, ils sont sans le savoir des disciples de Cicéron. »

 

c) la littérature

 

- dans « Idole, idolâtre, idolâtrie », qui fait référence à la littérature gréco-romaine, et « Ciel des Anciens », interprétation de la mythologie antique, Voltaire déploie toute l'étendue de sa culture sacrée.

 

d) la philosophie

 

- « Liberté de penser » : exhortation à la liberté d'expression. - « Inquisition » : vue comme une atteinte à la liberté de penser. Mise en lumière de la passivité des victimes du fanatisme. - « Lettres, gens de lettres, ou lettrés » : la persécution du philosophe des Lumières par l'obscurantisme (opposition à l'instruction et au progrès), dont Voltaire a fait lui-même l'expérience.

 

e) l'anthropologie

 

- « Inondation » : traite du Déluge et des découvertes de la géologie (les fossiles). - « Égalité » : Voltaire s'oppose à Rousseau sur la question de l'origine de l'inégalité parmi les hommes. Il dégage la notion d'égalité naturelle « fondée sur la constitution de la nature humaine commune à tous les hommes ». - « Dogmes » : réflexion sur la diversité humaine.

 

f) l'esthétique

 

- « Beau » : réflexion sur le concept de beauté.

 

3.5) Les différents genres

 

Voltaire a rédigé ses articles sous différentes formes :

 

a) des récits de voyage

 

- « Des lois » - « États, gouvernements »

 

b) des dialogues (qui permettent de mieux poser les questions et de leur apporter une réponse) - « De la liberté » : conversation entre A (porte-parole de Voltaire) et B (ses préjugés) - « Fraude » : un fakir et un disciple de Confucius s'opposent - « Nécessaire » : échange entre deux musulmans

 

c) des parodies

 

- « Martyr » - « Catéchisme du Japonais » : parodie sous forme de questions/réponses traitant des croyances et des religions

 

d) les questions/réponses (tous les articles traitant du catéchisme)

 

- « Catéchisme chinois » ( 6 entretiens) - «Catéchisme du curé » (cliché du curé de campagne) - « Catéchisme du japonais » - « Catéchisme du jardinier » (ou la sagesse des gens de la terre)

 

e) les questionnements

 

- « Religion » (8 questions sur le thème religion et société)

 

f) les explications de texte - « Genèse » - « D'Ezéchiel »

 

g) les contes merveilleux

 

- « Dogmes » Certains articles font référence à un nom de source ; dans d'autres, le « je » représente Voltaire, ce qui ne signifie pas qu'il a forcément vécu ce qu'il raconte. Dans tous les cas, la variété des genres d'écriture signe le génie et la maîtrise de l'écrivain.

 

3.6) Les procédés stylistiques

 

Dans son Dictionnaire, Voltaire manie l'esprit, poussé parfois jusqu'à l'ironie, avec brio. La plupart des textes se concluent par un mot d'esprit qui marque le lecteur : - « Prêtres idiots et cruels ! À qui ordonnez-vous le Carême ? Est-ce aux riches ? Ils se gardent bien de l'observer. Est-ce aux pauvres ? Ils font carême toute l'année. » (Carême) - « Ce système en vaut bien un autre ; je l'aime bien autant que la déclinaison des atomes, les formes substantielles, la grâce versatile, et les vampires de dom Calmet. » (Corps) On peut essentiellement noter 4 formes de la conversation d'esprit qui reviennent dans l'ensemble de l'oeuvre :

 

a) les néologismes (mots de création récente)

 

- « La question du bien et du mal, demeure un chaos indébrouillable pour ceux qui cherchent la bonne foi. » (Tout est bien) - « Le prophète Jean Baptiseur ou Baptiste eut le cou coupé. » (Prophètes)

 

b) termes jouant sur le paradoxe (opinion contraire à l'opinion commune)

 

- « Vous m'allez dire que ce premier monstre a déployé le germe d'orgueil, de rapine, de fraude, de cruauté qui est dans tous les hommes. J'avoue qu'en général la plupart de nos frères peuvent acquérir ces qualités. » (Méchant)

 

c) les comparaisons 

 

- « ... une des premières idées des hommes a toujours été de placer des êtres intermédiaires entre la Divinité et nous. On voyait les princes signifier leurs ordres par des messagers, donc la Divinité envoie aussi ses courriers, Mercure, Iris, étaient des courriers, des messagers. » (dans Anges. Ce sont eux qui sont assimilés à des messagers) - « Peu à peu la coutume s'abolit d'attendre la mort pour se mettre dans le bain sacré. » « Quelle étrange idée tirée de la lessive qu'un pot d'eau nettoie tous les crimes ! » (dans Baptême, celui-ci est identifié au bain ou encore à la lessive!)

 

d) les allusions - « Ou bien donna-t-on d'abord le nom d'enthousiasme, de trouble des entrailles, aux contorsions de cette pythie qui, sur le trépied de Delphes, recevait l'esprit d'Apollon par un endroit qui ne semble fait que pour recevoir des corps ? » (dans Enthousiasme. Allusion sexuelle) - « ... mais ce pape guerrier étant mort, ce concile s'en alla en fumée. » (dans Conciles, allusion au rite de la fumée blanche annonçant l'élection d'un pape) Pour donner 2 exemples où Voltaire déploie particulièrement son ironie, on peut citer : - Babel : « Mais il est incontestable que Babel veut dire confusion, soit parce que les architectes furent confondus après avoir élevé leur ouvrage jusqu'à quatre-vingt et un mille pieds juifs, soit parce que les langues se confondirent, et c'est évidemment depuis ce temps-là que les Allemands n'entendent plus les Chinois. » - Job : « Je ne suis point du tout content de Satan, qui pour t'induire au péché et pour te faire oublier Dieu, demande la permission de t'ôter ton bien et de te donner la gale. » « Satan ne connaissait pas assez le monde ; il s'est formé depuis ; et quand il veut s'assurer de quelqu'un, il en fait un fermier général, ou quelque chose de mieux, s'il est possible. » « Il est vrai que tu ne sais ce que tu dis quand tu t'écries : Mon Dieu ! Suis-je une mer ou une baleine pour avoir été enfermé par vous comme dans une prison ? Mais tes amis n'en savent pas davantage quand ils te répondent, que le jour ne peut reverdir sans humidité, et que l'herbe des prés ne peut croître sans eau. Rien n'est moins consolant que cet axiome. »

 

4) L'accueil fait au dictionnaire

 

Le Dictionnaire philosophique paraît sans nom d'auteur en 1764. Il est présenté au roi comme un ouvrage dangereux. Il est condamné en 1765 par le Parlement et par la Cour de Rome (organisme du Saint-Siège romain). Sa liberté de penser ne plaît pas. Elle représente une menace redoutable contre l'Ancien Régime.

 

On reproche au Dictionnaire d'utiliser le ridicule, la plaisanterie et la séduction pour convaincre.  
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6 commentaires


Anonyme
Anonyme
Posté le 3 mars 2017

très intéressant

 

Anonyme
Anonyme
Posté le 29 mai 2015

Merci!

Anonyme
Anonyme
Posté le 29 mai 2015

Document complet, c'est parfait!

xavier#5837
xavier#5837
Posté le 11 nov. 2014

c'est un document riche

xavier#5837
xavier#5837
Posté le 11 nov. 2014

ce document me permettra de mener mes recherches en philosophie

Anonyme
Anonyme
Posté le 11 déc. 2013

Wahou ! super document très original ! Il va beaucoup m'aidé pour mes dissertations !

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