Un roman doit-il chercher a faire oublier au lecteur que ses personnages sont fictifs ? 17.00 / 20

Cette dissertation traite un point important de votre programme de français au lycée à savoir le genre littéraire, le Roman. Il est donc important de vous en inspirer pour réussir à rédiger votre dissertation. Il faut reprendre les points importants de votre cours pour composer votre rédaction. Avant de vous plonger tête baissée dans l’épreuve, réfléchissez bien à un plan précis.

 

Si vous devez réaliser cette dissertation dans le cadre d’un contrôle ou d’un examen blanc pendant votre année de première, ne recopiez pas cette correction sur Vivre en société m’empêche-t-il d’être moi-même mais essayez de comprendre la structure de ce document pour réaliser votre rédaction.
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Plan :

Le roman est peuplé de personnages dont la complexité psychologique et la singularité attestent du génie de leur créateur. La finalité d’un roman est ainsi de produire, à travers les différents tableaux que sont les personnages, un mouvement d’identification et de différenciation. Sous bien des aspects, le roman nous permet de devenir ces personnages, et dès lors, il est pertinent de s’interroger si c’est là l’une des conditions du roman.

 

N’a-t-il pas pour but de nous faire oublier que ses personnages sont fictifs ? Dans une première partie, nous montrerons comment cette illusion de réalité est une finalité souvent recherchée dans le roman. Nous analyserons dans une seconde partie comment cette illusion participe de l’adhésion empathique que produit le personnage sur le lecteur, et cela, même quand les personnages sont issus de genres littéraires plus éloignés de la réalité.

 

I. L’illusion littéraire, une finalité souvent recherchée

 

Le romancier cherche à donner une épaisseur à ses personnages, il ne s’agit pas de simples archétypes ou de caricatures mais bien d’êtres, certes fictifs, mais présentant pourtant une intensité et une profondeur, somme toute, illusoires. Proust disait, « je ne désire pas une femme, je désire un paysage qui est enveloppé dans une femme », et de fait, le romancier cherche à atteindre cette trame profonde dans les personnes qu’il croise et qui peuvent parfois inspirer la composition de ses propres personnages.

 

On le voit, le romancier, par la narration perçoit non seulement l’apparence des protagonistes de son roman, mais bien au-delà, ce qui les habite, il voit cet insondable, cette profondeur qui amplifie l’illusion. De fait, cette illusion participe de l’idée que la littérature produit une vérité singulière sur la base d’une quête à la fois clairement esthétique et profondément humaine. Il ne s’agit pas d’une vérité absolue, elle ne recoupe nullement les modalités de la vérité scientifique en tant que tel, mais elle produit ce que Ricoeur appelait une mise en forme et en sens du monde.

 

Les extraits du corpus en témoignent. Marivaux, par exemple, cherche à produire cette illusion de la réalité non pas en essayant de rendre vrai un personnage fictif par la force de la description ou du seul détail comme le feront plus tard les réalistes, mais en établissant le roman comme le contenant d’une réalité avérée. La réalité et la fiction se retrouvent dans un emboîtement renversé : « Dans une armoire pratiquée dans l’enfoncement d’un mur, on y a trouvé un manuscrit en plusieurs cahiers contenant l’histoire qu’on va lire, et le tout d’une écriture de femmes. (…) Passons maintenant à l’histoire.

 

C’est une femme qui raconte sa vie ; nous ne savons qui elle était. C’est la Vie de Marianne ; ». Nous le sentons, cette apparente véracité nous capte, elle nous donne envie d’en savoir plus, bercé par le style de l’auteur. C’est donc au croisement de ces deux considérations que le romancier réussit à nous « capter », littéralement, en conjuguant la langue qu’il crée dans la langue, c’est-à-dire son style, et en facilitant les identifications et les contre identifications avec les personnages de son œuvre.

 

Finalement, il construit l’argument qui justifie l’existence même du livre, comme c’est le cas dans de nombreuses œuvres : « Quand je vous ai fait le récit de quelques accidents de ma vie, je ne m’attendais pas, ma chère amie, que vous me prieriez de vous la donner toute entière, et d’en faire un livre à imprimer ». Pour aussi tôt renforcer l’illusion par cette phrase « Ce début paraît annoncer un roman : ce n’en est pourtant pas un que je raconte ; je dis la vérité comme je l’ai apprise de ceux qui m’ont élevée ». Le roman, par le personnage, n’est plus une histoire qu’on raconte, il devient vérité.

 

Pour contraindre le lecteur à s’attacher à l’œuvre, le romancier cherche souvent à produire cette illusion, elle est plus ou moins forte, selon le genre de l’œuvre. Dans les Âmes grises, les quelques lignes de Philippe Claudel suffisent à nous entraîner dans l’intrigue, il commence judicieusement par son narrateur qui s’exprime ainsi : « Je les sais parce qu’ils me sont familiers comme le soir qui tombe et le jour qui se lève ».

 

En donnant un caractère juridico-historique, il renforce cette illusion, procédé bien connu en littérature et également très présent au cinéma. « En 1917, au moment de l’affaire… » ; ou en précisant un lieu par la seule initiale « V. est distant de chez nous d’une vingtaine de kilomètres » ; ces choix dans la narration ont bien pour vocation à renforcer l’illusion de vérité en posant un contexte de façon détaillée, cette somme de petits détails qui participe à donner une base «réelle » à la restitution des personnages. Si l’histoire est mal ficelée avec des personnages incohérents, sans épaisseur et dans un style approximatif, il est peu probable que le lecteur puisse être capté par l’œuvre.

 

II. Une adhésion empathique vis-à-vis du personnage

 

Car nos lectures nous font devenir ce que nous ne sommes pas, elles nous permettent de nous décentrer de nos propres existences pour toucher à la profondeur de personnages qui, a priori, nous étaient inconnus. La littérature réalise souvent un décalage avec le réel en renforçant l’illusion. L’extrait de Kundera est révélateur du regard de l’écrivain, profond, qui capte une réalité à laquelle nous sommes parfois hermétiques pour ensuite déployer toute sa densité sur la base de son intuition et de son imagination. « Puis elle se lève. En face, sur un long pied, un téléviseur se dresse. Elle lance sa chemise, qui vient recourir l’écran d’une blanche draperie. Pour la première fois je la vois nue, Agnès, l’héroïne de mon roman. » Le déploiement d’un simple geste devient un personnage, dans une réalisation mythique renforcée par les références suivantes : « De même qu’Ève est issue d’une côte d’Adam, de même Vénus est née de l’écume, Agnès a surgi d’un geste de la dame sexagénaire ».

 

L’écrivain n’écrit pas à partir de rien, la réalité est une source d’inspiration, mais cette réalité n’est pas soumise à une analyse mathématique, elle est une image, une épreuve « dont les traits s’estompent déjà dans (ma) mémoire ». Quelques signes embrassés par la subjectivité du romancier se développent ensuite dans un travail puissant de l’imagination pour produire une adhésion empathique vis-à-vis des personnages dont il a la paternité.

 

Par l’épaisseur que le romancier donne à ses personnages, il facilite l’identification du lecteur, il faut sur ce point commencer par l’exemple des réalistes qui aspiraient à donner une image vraie et complexe de la réalité. En effet, Balzac nous à fait accéder à travers La Comédie humaine à un monde avec la composition de personnages qu’il voulait être le reflet du monde réel: Eugénie Grandet, Félix de Vandenesse, le père Goriot et tant d’autres. Plus actuel, le genre autofictionnel est sur ce point particulièrement habile puisqu’il pousse l’illusion au point de ne plus distinguer le vrai du faux. L’écrivain narrateur se confond avec son histoire, l’un des exemples qui nous vient à l’esprit est

 

Comment faire l’amour avec un nègre sans se fatiguer de Laferrière, roman qui porte justement sur l’écriture du roman lui-même et où toute l’intrigue se situe à mi-chemin entre cette aventure littéraire et les aventures sexuelles de l’auteur. Laferrière pousse l’illusion au point d’écrire dans le roman même après la publication (fictive) de l’ouvrage, y présentant son attitude face à la critique du roman et le succès qu’il en tire. Romain Gary, dans La promesse de l’aube définissait lui-même cette œuvre comme « une vérité artistique » pour décrire les liens fusionnels qui l’unissaient à sa mère. Il en est de même pour le personnage de Ferdinand Bardamu dans Voyage au bout de la nuit, dont les tribulations rappellent fort celles de Louis-Ferdinand Céline.

 

Mais cette illusion de la vérité du personnage peut aller encore plus loin, dans des univers surréalistes, burlesques, de sciences-fictions, du fantastique, du merveilleux. Même si nous commençons la lecture d’une telle œuvre et l’appréhension de ses personnages sur la base du postulat établi selon lequel ce n’est que de la fiction, nous nous trouvons pourtant entraîné dans ces mondes. Le seigneur des anneaux de Tolkien est ainsi peuplé de personnages totalement improbables et pourtant notre adhésion empathique se réalise face à une altérité radicale, Frodon le Hobbit.

 

De la même façon, les personnages complètement burlesques de Zazie dans le métro, malgré des transformations successives, par exemple le changement de sexe de Marceline qui devient Marcel, ne manquent pas de produire suffisamment d’épaisseur aux différents protagonistes pour nous capter dans le roman.

 

Conclusion

 

Tout romancier cherche à créer, par la force de l’imagination, un univers dans son œuvre. Cet univers suppose toujours une densité, une complexité, une épaisseur. Le roman est par ailleurs toujours une construction aux croisements de plusieurs personnages, dans une polyphonie qui produit une histoire sous plusieurs angles. Le personnage doit ainsi se donner au lecteur, lui faire part de ses doutes, ses tourments, ses aventures.

 

Par définition, la relation entre le lecteur et le personnage est faite d’identification et de différenciation. Et pour que le lecteur réel soit pris dans le roman, il faut qu’il oublie, partiellement, le caractère fictif du personnage dans lequel il plonge. En lisant, nous devenons ces personnages, car ils nous parlent de nous-mêmes, ils élargissent le champ de nos expériences et le champ des possibles ; dans ce sens, ce mouvement demandera toujours au personnage de faire illusion, de nous entraîner dans sa vérité.
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39 commentaires


Anonyme
Anonyme
Posté le 18 mars 2016

bonne continuation

Anonyme
Anonyme
Posté le 18 mars 2016

j'espère que cela va un peu m'aider dans mes recherches

Anonyme
Anonyme
Posté le 19 févr. 2016

un roman doit nous faire voyager. On oublie souvent la réalité

Anonyme
Anonyme
Posté le 14 févr. 2016

impeccable tout simplement

Anonyme
Anonyme
Posté le 5 févr. 2016

cool

Anonyme
Anonyme
Posté le 19 janv. 2016

Bon dissertation mais manque d' analyse*

 

Anonyme
Anonyme
Posté le 19 janv. 2016

Bon document et très complet

Anonyme
Anonyme
Posté le 3 déc. 2015

Super document! Apporte beaucoup d'aide.

 

Anonyme
Anonyme
Posté le 25 mars 2015

Bon document

Anonyme
Anonyme
Posté le 18 mars 2015

gsdgsdg

Anonyme
Anonyme
Posté le 18 mars 2015

asdfasdf

Anonyme
Anonyme
Posté le 18 mars 2015

asdfasdf

Anonyme
Anonyme
Posté le 18 mars 2015

asdfasdf

Anonyme
Anonyme
Posté le 3 févr. 2015

JAIME

Anonyme
Anonyme
Posté le 3 févr. 2015

COOL

Anonyme
Anonyme
Posté le 22 janv. 2015

ca peut m aider

Anonyme
Anonyme
Posté le 22 janv. 2015

 j ai beaucoup aime

Anonyme
Anonyme
Posté le 22 janv. 2015

cool

Anonyme
Anonyme
Posté le 22 janv. 2015

ouiiiiiiiiiiiiiiii

Anonyme
Anonyme
Posté le 20 janv. 2015

simpa pas mal de chose intéressante sur ce site !

Anonyme
Anonyme
Posté le 9 janv. 2015

 c'est très utile 

Anonyme
Anonyme
Posté le 8 janv. 2015

trop parfait je n'ai plus de problème dans la rédaction d'une dissertation

Anonyme
Anonyme
Posté le 19 déc. 2014

Vraiment agréable à lire

Hassy
Hassy
Posté le 14 déc. 2014

Dissertation intéressante à plus d'un titre mais elle aurait gagné en profondeur si elle avait mis en relief l'évolution du personnage romanesque tel que le conçoivent les romanciers du courant moderniste et les surréalistes.

Merci pour cette opportunité que vous offrez à vos abonnés

Anonyme
Anonyme
Posté le 2 déc. 2014

bien !!

Anonyme
Anonyme
Posté le 2 déc. 2014

bien

Anonyme
Anonyme
Posté le 2 déc. 2014

bien

Anonyme
Anonyme
Posté le 2 déc. 2014

i lest bien

Anonyme
Anonyme
Posté le 28 nov. 2014

Tres bonne dissertation

Anonyme
Anonyme
Posté le 28 nov. 2014

Vraiment excellente

 

Anonyme
Anonyme
Posté le 24 nov. 2014

La redactione est exemplaire

Anonyme
Anonyme
Posté le 17 nov. 2014

très bonne dissertation, très interressant 

Anonyme
Anonyme
Posté le 12 nov. 2014

Tres bonne dissertation merci tres agréable

Anonyme
Anonyme
Posté le 10 nov. 2014

Très bonne dissertation, bien écrite et pertinente

Anonyme
Anonyme
Posté le 8 nov. 2014

très bien écrit je trouve cela assez pertinent

Anonyme
Anonyme
Posté le 30 oct. 2014

plus d'arguments mais sinon très bien

Anonyme
Anonyme
Posté le 9 juin 2014

cette dissertation est vraiment exeptionnelle ca aurai pu etre plus agreable si vs y mettez plus d'argument

Anonyme
Anonyme
Posté le 27 déc. 2013

La dissertation est bien écrite et facile à lire. Cependant ça aurai été mieux si vous aviez donnés des argument expliquant que le roman ne cherche pas forcément a faire oublier au lecteur que ses personnages sont fictifs en citant Beckett ou Robbe-Grillet.

Anonyme
Anonyme
Posté le 20 nov. 2013

Vos dissertations sont très bien écrit ! et sont très agréables à lire ! Merci !

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