Économie de la comunication

1ère question : Pourquoi recourir à une approche économique des médias et de la communication ? Les travaux en éco des médias sont relativement récents et « rares ». Si il y a peu de travaux c’est parce que les sujets sur lesquels les auteurs ont travaillés sont des sujets récents : - Livre : l’édition en masse n’a guère plus d’un siècle et demi (l’imprimerie date du 15ème siècle en Europe) - Presse (commerciale grand public) : un peu plus d’un siècle - Musique enregistrée et cinéma : un peu plus d’un siècle - Radio : trois quarts de siècle - Télévision : un peu plus d’un demi-siècle - Objet de recherche relativement nouveau par rapport à l’histoire de l’humanité Il y a pleins de manières d’envisager / d’étudier les médias et la culture : - Objets juridiques : statut des entreprises et personnels, droits d’auteur, questions relatives à la liberté d’expression… cf. Droit de la Communication - Outils techniques : influence que la dimension technique des objets culturels et médiatiques peut avoir sur le social (cf. l’histoire des techniques) cf. Marshall McLuhan, Médiologie, etc. - Objets sociaux et culturels : les « effets » culturels et sociaux des ICM -> Comment le public reçoit les contenus médiatiques et culturels ? Cf. Sociologie de la culture, Cultural Studies, etc. (Les auteurs qui ont étudié la série Dallas, en fonction des groupes sociaux et des origines, la vision de la série est différente ; le sens global de la série peut être appréhendé de façon différente) - Dans ce cours : les médias et objets culturels sont considérés comme des produits : les soumettre à une analyse socio-économique. Voir par exemple : - Ampleur des moyens mis en œuvre pour leur production et diffusion - Développement de marchés importants dont dépend une partie de l’activité économique des pays - Secteur devenu stratégique pour beaucoup d’entreprises avec des enjeux financiers colossaux - Perspective originale et relativement récente (années 1960/70) qui mérite d’être expliquée… 2ème question : Quelles sont les origines de l’économie de la communication ? - Cette perspective d’étude résulte d’une rupture avec une tradition « sociologique » s’intéressant au contenu des médias et à leur influence sur le public. Par exemple : Modèle de la seringue hypodermique (S. Tchakhotine) Paradigme des effets limités (E. Katz, P. Lazarsfeld, B. Berelson) Fonctions de la presse (M. Wiley, J. SToetzel)… Ces études portent sur les rôles social et politique des médias en se préoccupant uniquement de leurs effets (limités ou non) … : résultats toujours très décevants. « Dans certaines circonstances, certains médias envoient certains messages qui remplissent certains fonctions, répondent à certains besoins et satisfont certaines attentes, chez certains publics » (Bernard Berelson) L’approche économique a l’ambition de mieux comprendre les biens culturels et médiatiques en analysant leurs modes de fonctionnement Étudier conjointement : Média, œuvre culturelle + Système industriel qui le produit - Traditionnellement, 2 courants théoriques s’opposent : 1er courant : Institut de recherches sociales de Francfort fondé en 1923, Ecole de Francfort (années 1940) Les principaux auteurs de ce courant sont un cercle d’intellectuels d’inspiration marxiste : Ardono, Horkheimer, Marcuse, Benjamin, Habermas… - Dévalorisation de la Culture lorsqu’elle est produite en série : « La culture de masse fait des classiques non des œuvres à comprendre mais des produits à consommer » Hannah Arendt, La crise de la culture, 1968. Elle a un regard critique sur l’Industrie Culturelle. Finalement, on a des produits qui abrutissent les masses. Séance 2 (30/09/10) L’Ecole de Francfort fait une différence entre l’art et l’industrie culturelle. En 1947, Horkheimer et Adorno écrivent « la production industrielle des biens culturels ». Cette distinction s’exerce au niveau de la perméabilité vis-à-vis des lois économiques. Les produits culturels sont très perméables et ne visent que la rentabilité quand les œuvres sont imperméables au profit. L’industrialisation culturelle est une dépravation de la culture. La production industrielle est là pour faire plaisir. D’autres membres de l’école vont travailler sur la relation entre l’œuvre d’art et sa reproductibilité technique. Walter Benjamin, en 1936 écrit « l’œuvre d’art à l’ère de sa reproductibilité ». L’industrialisation est la haute reproduction d’une œuvre. Benjamin met en œuvre sa notion d’aura. Cette dernière correspond au caractère unique des œuvres d’art, qui est rompu par la reproduction industrielle. L’œuvre est désacralisée et devient un produit de divertissement. Benjamin écrira Dans l’art le spectateur vient à l’œuvre, dans les produits culturels, c’est le contraire. La vision de Benjamin pose des questions : - que penser de la sériographie de Warhol ou du premier film des frères Lumières ? - Ces reproductions ne sont elles pas des œuvres d’art ? L’Ecole de Francfort est un courant très pessimiste sur les formes culturelles qui se développent au XXe siècle. Une dénonciation de la culture de supermarché reprend le thème de la faillite de la culture. Un deuxième courant se développe, l’école néoclassique au dernier tiers du XIXe siècle. Cette apologie de l’économie industrielle prend ses bases des pensées issues de Smith ou Ricardo. Elle tire ses origines de la définition des grands principes du libéralisme économique. Pour eux, une entreprise médiatique est une entreprise comme une autre, ils nient les particularités de la culture. Ils firent aussi une étude de fonctionnement des entreprises et de leurs relations concurrentielles. L’opposition des deux courants va en créer un troisième, à la médiation des deux. Il démarre dans les années 1970/1980 et s’inscrit dans les sciences de l’information et de la communication. Il vise à concilier la dimension économique et artistique des biens culturels et médiatiques. Mattelard, Miège, Flichy et Garnham vont notamment travailler sur l’économie politique des industries culturelles. Cette étude des médias et des œuvres ont deux axes : le système économique des productions industrielles de la culture et la dimension sociale et politique dans l’espace public. Cela implique de penser l’ensemble des industries culturelles (pluralisation) (tableau, disques, lires, télévision). La culture a obligatoirement une relation avec le marché (à des degrés divers selon les œuvres). Ils se détachent cependant de l’école néoclassique puisqu’ils reconnaissent la spécificité économique des biens culturelles (un yaourt n’est pas un livre). Les liens avec l’Ecole de Francfort sont complexes : → Points communs : les deux courants sont d’inspiration marxiste, ils critiquent les phénomènes de domination (notamment dans la culture) et s’intéressent à la production plus qu’à la consommation. De plus ils observent l’impact de la logique marchande sur l’art et les médias, dans l’espace public notamment. → Différences : - l’Ecole de Francfort juge sur l’esthétisme mais celui là varient selon les époques - l’Ecole de Francfort confond la production des biens culturels et leur diffusion mais la standardisation diffère. - l’Ecole de Francfort ne repose sur aucune enquête de terrain. Les rapports avec l’Ecole de Francfort restent paradoxaux. En effet le troisième courant montre les insuffisances de l’Ecole de Francfort mais ces derniers ont tout de même apportés de nombreuses choses. Ils sont notamment les premiers à s’intéresser à la soumission de la culture à l’activité industrielle et marchande. Benjamin entretient ce paradoxe dans la mesure où il s’oppose à certaines positions radicales d’Adorno et Horkheimer tout en suivant la ligne de l’Ecole de Francfort. Il notamment travailler sur Charlie Chaplin, étudiant sa dimension critique et esthétique (ce qui est pour lui la définition d’une œuvre d’art).
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Plan :

INTRODUCTION : Qu’est-ce qu’une approche économique de la communication ? 3 CHAPITRE 1 : Groupe de communication et développement des marchés 7 1. Les facteurs de production industrielle de la culture et des médias 7 2. Construction des groupes de communication 7 2.1. Les différentes stratégies de concentration 7 2.2. Les motifs de la concentration des entreprises 8 3. Développement du marché et barrières à l’entrée 8 3.1. Fluctuation de la demande 8 3.2. Barrières à l’entrée 9 3.3. Les besoins d’équipement 9 4. L’internationalisation de la production des biens culturels et médiatiques 10 4.1. Au niveau des échanges de produits physiques 10 4.2. Au niveau des programmes 10 4.3. Échange de capitaux 10 CHAPITRE 2 : Spécificités socio-économiques des industries culturelles et médiatiques 12 1. Une industrie de prototype coûteuse 12 1.1. Particularité des biens informationnels 12 1.2. Économie d’échelle 12 1.3. Coût fixe et unitaire 12 2. Le caractère aléatoire de la valeur d’usage 12 2.1. La valeur d’usage des produits médiatiques et culturels 13 2.2. La dialectique du tube et du catalogue 13 2.3. La recherche permanente de nouveaux talents et le renouvellement de l’offre 14 2.4. Un secteur structuré autour de majors et de PME 14 3. La singularité du marché du travail 15 3.1. Les droits d’auteurs et de reproduction 15 3.2. Les contrats (exemple : l’industrie du disque) 16 3.3. Le principe de l’intermittence 16 4. L’intervention des pouvoirs publics 17 4.1. Dans les domaines du cinéma, de l’édition et de la musique 17 4.2. Dans les domaines de la presse et de l’audiovisuel 18 CHAPITRE 3 : Le fonctionnement des industries culturelles et médiatiques 20 1. Les modèles présidant à la production industrialisée des biens culturels et médiatiques 20 1.1. Modèle éditorial 20 1.2. Modèle de flot 21 1.3. Des modèles intermédiaires ? 21 1.4. Intérêts des modèles socio-économiques 21 2. Les différentes branches des industries et médiatiques 22 2.1. Le modèle éditorial : le livre et la musique enregistrée 22 2.2. Le modèle de flot : l’audiovisuel 26 CONCLUSION 30
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2 commentaires


Anonyme
Anonyme
Posté le 24 avr. 2016

Bon document !

Anonyme
Anonyme
Posté le 8 janv. 2016

waw c'est une découverte cool

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